mercredi 24 septembre 2014

T. H. White

29 mai 1906, Bombay (Indes britanniques / Inde actuelle) : naissance de Terence Hanbury White, dit T. H. White, romancier.

Son père, Garrick Hanbury White, occupait le poste de superintendant de la Police indienne. Sa mère, Constance, était évidemment femme au foyer. Mais malgré cette honorabilité apparente, l'enfance du futur écrivain fut des plus chaotiques : son père buvait et sa mère n'était guère chaleureuse. D'ailleurs, lorsqu'il atteignit ses quatorze ans, le couple se sépara.

White fut éduqué à Cheltenham College, dans le Gloucestershire avant de passer au Queen's College de Cambridge où il eut pour mentor L. J. Potts. Celui-ci allait rester son ami pour la vie et les deux hommes entretinrent par la suite une riche correspondance. Plus tard, White devait lui rendre hommage en affirmant : "Son influence littéraire a été pour moi essentielle."
Après une thèse sur "Le Morte d'Arthur" de Thomas Malory, White reçut son diplôme avec mention. Nous étions en 1928. Pendant les quatre années suivantes, il enseigna au collège de Stowe, dans le Buckinghamshire.

En 1936 sort son premier texte, "England Have My Bones" et, la même année, il quitte son poste à Stowe pour emménager dans une petite maison où il écrit et, selon ses dires, "revient à l'état sauvage." Il se passionne en effet pour la fauconnerie, la chasse et la pêche.

Il s'intéresse aussi à l'aviation car il espère ainsi vaincre sa crainte des hauteurs. A l'automne 1937, il écrit à un ami : "J'étais là parmi mes livres et ramassai Malory, désespérant de trouver mieux parmi tous ces volumes. Alors, je fus pris d'un frisson et je restai stupéfait de constater que a) le texte était une tragédie parfaite, avec un début, un milieu et une fin implicite dès le début et b) les personnages étaient des êtres réels, aux réactions reconnaissables et prévisibles [...] Quand même, d'une façon ou d'une autre, il me fallait commencer à écrire un livre."

Ce livre, que White décrira comme une "préface à l'oeuvre de Malory", c'est "The Sword in the Stone / L'Epée dans le Roc." Le roman, publié en 1938, retrace la jeunesse du Roi Arthur. Mais l'auteur y révèle aussi bien l'influence de la psychologie freudienne que celle de cette Nature dans laquelle il s'était replongée.
En février 1939, White s'installe à Doolistown, en Irlande, où il laissera toute la Seconde guerre mondiale se dérouler sans lui, agissant ainsi de facto comme un objecteur de conscience. C'est là qu'il écrit ce qui deviendra par la suite "The Once & Future King", c'est-à-dire : "The Witch in the Wood / La Sorcière de la Forêt" et "The Ill-Made-Knight / Le Chevalier Mal-Fichu", qui sont des "suites" de "L'Epée dans le Roc."

Dans l'édition finale, la version de "The Sword ..." incluse dans "The Once and Future King" diffère en plusieurs points du premier texte. Elle est nettement plus sombre. Pour indirecte qu'elle eût été, l'expérience qu'avait eue l'auteur du conflit mondial avait manifestement influé sur ces histoires du Roi Arthur : sous le discours héroïque, se dissimulent désormais des commentaires sur la guerre et sur la nature humaine.

En 1946, White quitte l'Irlande pour Alderney, au large des Iles anglo-normandes. La même année, il publie "Mistress Masham's Repose", livre pour la jeunesse où une jeune fille découvre un groupe de Lilliputiens qui vivent près de chez elle. On y reconnaît l'influence du poète britannique John Masefield.

En 1947, paraît "The Elephant & the Kangaroo" et, au début de la décennie suivante, deux livres non-fictionnels : "The Age of the Scandal", recueil d'essais sur le XVIIIème siècle anglais, et "The Goshawk", dédié à l'art de la fauconnerie. Enfin, en 1954, White traduit et édite "The Book of Beasts", version britannique d'un bestiaire originellement écrit en latin.

En 1958, l'écrivain complète son "The Once & Future King" par "The Candle in the Wind." Il vivra assez vieux pour voir l'adaptation que Broadway tirera de son oeuvre en 1960 sous le titre "Camelot." Et, bien sûr, il verra aussi le film des Studios Disney basé sur le même roman et connu en France sous le titre de "Merlin l'Enchanteur."

Terence H. White meurt le 17 janvier 1964, dans le port d'Athènes, à bord du navire qui devait le ramener à Alderley.
En 1977, sortira la conclusion posthume à "L'Epée dans le Roc" : "The Book of Merlyn."

 Seuls ceux qui, enfants, ont eu le privilège de lire la traduction française de "The Sword in the Stone" - Hachette en édita une pour sa Bibliothèque Verte - ont pu prendre conscience de l'originalité et de la puissance de ce cycle d'histoires dédiées au roi Arthur. Dans les pays anglo-saxons, le livre a eu une influence considérable sur des auteurs très différents.

L'écrivain de S. F. Michael Moorcock par exemple s'est toujours déclaré soufflé par le réalisme qui étaie le livre. Il fut l'un des correspondants de White et devait affirmer : "White me donna quelques uns des meilleurs avis que j'ai reçus sur l'art d'écrire."

J. K. Rowling de son côté a avoué combien White a fortement influencé sa série des "Harry Potter." Plusieurs critiques ont d'ailleurs établi un parallèle entre le personnage de Dumbledore et celui, caractérisé par sa distraction hors du commun, du Merlin de White. (Peut-être aussi était-ce une façon de rappeler l'homosexualité de White puisque Dumbledore confesse avoir été plus attiré par les hommes que par les femmes.) Rowling elle-même décrit le Wart de White - traduit en français sous le nom plus doux de "Moustique" - comme "l'ancêtre spirituel de Harry."

Neil Gaiman, à qui l'on demandait quelles étaient les similitudes entre Harry Potter et son propre personnage de Timothy Hunter, a répondu : "Je pense que, l'un comme l'autre, sa créatrice et moi, nous nous sommes inspirés de T. H. White : en ligne directe."

Il n'est pas jusqu'à Ed McBain qui n'ait cité White parmi les influences subies. C'est tout dire, non ? Lisez l'intégrale de "The Once & Future King" : vous ne le regretterez pas.

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