samedi 27 septembre 2014

Tom Sharpe

30 mars 1928, Londres (Grande-Bretagne) : naissance de Thomas Ridley Sharpe, dit Tom Sharpe, romancier.

Fils d'un pasteur unitarien de Croydon qui aurait eu des sympathies pour l'extrême-droite, le jeune Tom n'a pas l'autorisation de lire des BD ou encore des livres pour la jeunesse. Il lit donc des auteurs comme Walter Scott, Melville et Robert Graves et rêve au jour où il se fera poète.

Après des études secondaires au Lancing College, il entre à l'Université de Cambridge en qualité de résident de Pembroke College. Par la suite, il effectue son service militaire dans les fusilliers marins, ce qui, selon ses propres dires, a considérablement amélioré son vocabulaire.

A vingt-trois ans, il part pour l'Afrique du Sud, dont sa mère était originaire, et trouve un emploi dans le township de Soweto. Il y sort de l'hôpital les malades en phase terminale et les ramène chez eux pour y mourir. Mais il démissionne en 1952 et commence à prendre des notes sur l'apartheid. Il se met aussi à écrire mais ses pièces traitant justement de l'apartheid sont censurées, en tous cas en Afrique du Sud. "South Africa", la seule qui sera jouée à Londres, est un four.

Après avoir enseigné au Natal, Sharpe ouvre un studio de photographie et, finalement, en 1961, se voit expulsé d'Afrique du Sud en raison de ses prises de position anti-apartheid. Il ne quitte pas pour autant le pays les mains vides : son expérience lui donnera le fond de ses deux premiers romans, "Riotous Assembly / Mêlée Ouverte A Zoulouland", sorti en 1971 et "Indecent Exposure / Outrage Public A La Pudeur" en 1973. Les deux livres obtiennent un franc succès.

Mais c'est en 1976, avec "Puppenmord / Wilt1 ou Comment se sortir d'une poupée gonflable et de bien d'autres ennuis encore", que Tom Sharpe va accéder à une célébrité universelle. Son héros, Henry Wilt, misanthrope et misogyne absolu (quoique marié et, par la suite, père de sept filles), donne des cours dans un institut technique - tout à fait comme Sharpe lui-même, de 1963 à 1972. Les descriptions des classes ("Gaz 1" - "Bouchers 2", etc ...), le violent réquisitoire contre les technocrates du ministère de l'Education nationale et, bien sûr, l'étrange passage à l'acte de Wilt dans le "meurtre" de sa femme et toutes les conséquences que cela entraîne pour les principaux protagonistes, relèvent de la satire et de la farce ubuesque. On rit beaucoup quand on lit "Wilt1", moins évidemment lorsqu'on en arrive à ses suites, à ce jour trois ou quatre volumes. Mais, quoi qu'il en soit, le personnage ici créé, cet Henry Wilt qui n'est jamais content ni des autres, ni de lui-même (suprême astuce de Sharpe) n'en reste pas moins un incontournable de la littérature britannique moderne - et même de la littérature britannique tout court. N'ayons pas peur de le dire : Henry Wilt est un archétype et les années qui suivront le décès de son "papa" en témoigneront sans détour.


Aujourd'hui, Tom Sharpe vit en Catalogne. Signalons que, en 1986, il a reçu un Grand Prix de l'Humour Noir largement mérité.
Si la saga wiltienne vous laisse froid - tout est possible - lisez "Porterhouse Blue / Porterhouse" et "Grantchester Grind / Panique A Porterhouse", réjouissantes attaques iconoclastes contre le système universitaire anglais ou encore "The Midden / Fumiers & Compagnie", qui cible les milieux bancaires. Mais sachez que, dans tous ses livres, Tom Sharpe demeure un partisan absolu du loufoque et de l'invraisemblance et que, sous tout cela, se dissimule souvent une amertume bien réelle. Comme il le dit lui-même quand on le compare à Waugh et à Wodehouse : "Ils travaillaient à la rapière, moi, je travaille au coupe-coupe."

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