samedi 27 septembre 2014

Joseph Conrad

3 décembre 1857, Berditchev (Empire de Russie / Actuelle Ukraine) : naissance de Teodor Józef Konrad Korzeniowski h. Nałęcz, dit Joseph Conrad, nouvelliste & romancier.

Par sa famille paternelle, le futur romancier appartenait à la noblesse polonaise. Son père, Apollo Korzeniowski, avait intégré la résistance polonaise face à l'occupant russe. Arrêté en 1861, il fut exilé au nord-est de l'Ukraine deux ans plus tard et fut rejoint par toute sa famille. Malheureusement, son épouse décéda de tuberculose en avril 1865.

Le petit Théodore n'avait plus que son père, dont la santé s'était considérablement affaiblie en exil. Or, à peine Apollo avait-il eu le temps de se voir gracié en 1868, qu'il rendait l'âme à son tour, laissant son fils de onze ans à la garde d'un oncle maternel, Thaddeus Bobrowski, qui vivait à Cracovie, alors sous dépendance autrichienne.
Bobrowski s'occupa dignement de son neveu, lequel lui demeura profondément attaché. En 1874, il laisse le jeune homme s'embarquer comme mousse sur un voilier en partance de Marseille. Après quatre ans dans la marine marchande française, il intègre la marine marchande britannique où il restera pendant seize ans. Il obtient son brevet de capitaine le 10 novembre 1886 et prend la même année la nationalité britannique - et le nom de Joseph Conrad.

Parfait polyglotte (il parlait, outre sa langue maternelle, l'allemand, le français - avec l'accent marseillais - et l'anglais), Conrad choisit d'écrire en anglais. Son premier roman, "La Folie Almayer", sort en 1896 et le dernier, "Suspense" ("L'Attente" en français), un an après sa mort, survenue en août 1924.

Pour un homme qui avouait dès le départ "écrire pour l'argent" et qui rêvait de produire des livres grand public, Joseph Conrad nous a donné une oeuvre complexe, dont les personnages traînent leurs désillusions jusqu'à la mort dans des décors souvent - mais pas toujours - liés à la mer.

Complexe et difficile car, bien que le style de l'écrivain soit en apparence très simple, il est rare qu'une seule lecture de Conrad suffise à saisir l'intégralité des tenants et des aboutissants de l'intrigue exprimée.

Pour beaucoup, l'oeuvre qui symbolise au mieux l'étrangeté de ce cas littéraire demeure "Au coeur des ténèbres", inspiré de ce qu'avait connu le romancier quand il travaillait pour une compagnie sise au Congo.
Conrad y dépeint sans complaisance aucune le colonialisme belge et entraîne son lecteur dans une course de plus en plus angoissante à la recherche d'un personnage énigmatique, Kurz, lequel, après avoir servi les intérêts des compagnies, semble avoir basculé "de l'autre côté." Bien que le narrateur du roman parvienne à le ramener avec lui, Kurz ne survivra pas à son expérience.

Ce roman quasi mythique a eu un tel impact que beaucoup lui ont rendu hommage en s'appropriant le destin et le personnage de Kurz. Sur le plan des lettres, on citera Timothy Findley avec "Le Chasseur de Têtes" et Robert Silverberg avec "Les Profondeurs de la Terre." Enfin, au cinéma, le Kurz (superbement) interprété par Marlon Brando dans "Apocalypse Now" de Coppola est évidemment une réactualisation du héros de Conrad.

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