samedi 27 septembre 2014

D. H. Lawrence (V)

En dépit d'une santé qui ne suit plus, Lawrence s'entête à écrire. Dans les derniers mois de sa vie, il écrit un très grand nombre de poèmes, de critiques et d'essais, tout comme une dernière et vigoureuse défense de son dernier roman que les censeurs veulent interdire. Son dernier texte porte sur le "Livre de la Révélation", dans l'"Apocalypse".

Après son retour de sanatorium, David Herbert Lawrence décède à la villa Robermond, à Vence, en France, le 2 mars 1930, de complications pulmonaires dues à sa tuberculose. Pour son tombeau, Frieda fait exécuter une stèle très élaborée, une mosaïque avec l'emblème qu'il avait lui-même choisi : le Phoenix, l'oiseau mythique qui ne meurt que pour mieux renaître.
Par la suite, Frieda devait se remarier avec un officier italien du corps des Bersaglieri, Angelo Ravagli. Elle revint vivre au ranch de Taos et y fit plus tard transporter les cendres de Lawrence afin qu'elles soient inhumées dans une petite chapelle, au coeur des montagnes du Nouveau-Mexique. La fameuse pierre tombale au Phoenix est désormais exposée au Musée D. H. Lawrence d'Eastwood, dans le Nottinghamshire

Terry Eagleton, critique littéraire et admirateur de Lawrence, situe celui-ci, sur le plan politique, dans l'aile droite-radicale. Bien qu'il n'ait jamais épousé la cause fasciste, il se montre hostile à la démocratie, au libéralisme, au socialisme et à l'égalitarisme. Quelques unes des idées de Lawrence s'expriment assez clairement dans ses lettres au mathématicien et philosophe Bertrand Russel, notamment celles de 1915. Il s'y déclare en effet opposé à l'affranchissement des classes laborieuses, hostile aux mouvements travaillistes naissants et dénigre la Révolution française, se référant à la célèbre devise "Liberté, Egalité, Fraternité" comme à "un serpent à trois crocs pleins de venin." Bien plus qu'à une république, l'écrivain en appelle à un dictateur absolu - ou à une dictatrice - pour régner sur les masses populaires.

Tout au long de sa vie, Lawrence continua à développer cette philosophie personnelle. Son introduction - non-publiée - à "Amants & Fils" place la dualité au coeur de nombre de ses romans. Cela va de pair avec ses références à la Sainte-Trinité catholique. Mais en développant son raisonnement, Lawrence s'éloigne de plus en plus du Christianisme et s'oriente vers le Mysticisme, le Bouddhisme et le Paganisme. A bien des égards, l'écrivain apparaît comme un précurseur de l'intérêt croissant pour l'occulte qui apparaît au XXème siècle.

 Lawrence est peut-être mieux connu pour ses romans comme "Amants & Fils", "L'Arc-en-Ciel", "Femmes Amoureuses" et, comme de juste, "L'Amant de Lady Chatterley", que pour ses autres textes. Dans ceux-là, il examine les possibilités d'existence dans un cadre industriel. Il s'intéresse tout particulièrement à la nature des relations humaines qui peuvent se tisser dans un tel cadre. Bien qu'on le qualifie souvent d'écrivain réaliste, l'usage qu'il fait de ses personnages peut mieux se comprendre si l'on se réfère à la philosophie qui était la sienne. Ainsi, sa représentation de l'activité sexuelle, bien que choquante pour son époque, plonge ses racines dans la haute conception qu'il se faisait de l'Etre et de la Pensée. Il faut bien retenir que, pour l'écrivain, la chaleur humaine est indispensable au comportement de l'individu, et que cette fascination pour l'intimité physique provient de désir de rétablir l'harmonie avec le corps en ré-équilibrant ce dernier par rapport à ce que Lawrence percevait comme la volonté insidieuse de la civilisation occidentale de survaloriser l'esprit.

Dans les dernières années, l'écrivain développa également les potentialités de la novella avec "La Vierge & le Gitan" et "The Escaped Cock."

En ce qui concerne les nouvelles les plus célèbres de Lawrence, on citera "L'Homme & la Poupée", "Le Renard et la Coccinelle", "Une Odeur de Chrysanthèmes", "The Princesse", "The Rocking-Horse Winner / Le Cheval A Bascule" (nouvelle à connotation fantastique), "St Mawr" et "The Woman Who Rode Away." Parmi les recueils, on retiendra "The Prussian Officer & Others Stories / L'Officier prussien & Autres Histoires", qui date de 1914. Le recueil "The Woman Who Rode Away & Other Stories", qui date pour sa part de 1928, développe le thème de l'aptitude à dirigier qu'il a également étudié, mais d'une autre façon, dans des romans comme "Kangourou", "Le Serpent A Plume" et "Fanny & Annie."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire