dimanche 28 septembre 2014

Kafû

De son vrai nom Nagai Sôkichi, cet écrivain résolument atypique de l'ère Taisho naquit à Tokyô le 4 décembre 1879, dans une famille déjà très littéraire puisque son père, Nagai Kyûchiro, s'était fait un nom dans le monde des lettres en composant des poèmes dans le style chinois.

Elevé tout d'abord par la famille de sa mère, il rejoint le foyer paternel en 1886, lorsqu'il entre à l'école secondaire. Cinq ans plus tard, il rejoint une école privée de langue anglaise. Mais son parcours scolaire exemplaire sera cependant ponctué de fréquents séjours à l'hôpital, où il se rend pour soigner sa tuberculose naissante.

En 1896, il échoue aux examens d'entrée à l'université mais n'en sort pas moins diplômé de son école. Il se lance dans l'étude des poèmes chinois et commence surtout ses incursions dans le quartier chaud de Tokyô, incursions auxquelles il ne renoncera plus jusqu'à sa mort, survenue le 30 avril 1959.

Il se mit à écrire de courtes nouvelles en 1898 et en publia quelques unes en 1900. Deux ans après, on le retrouve en France, fonctionnaire d'un ministère japonais et il rapportera cette période de sa vie dans des contes, intitulés tout simplement : "Contes de France."

Ce séjour développe les goûts anti-conventionnels qu'il mûrissait déjà et qui se retrouve dans son oeuvre. Tout d'abord, à l'inverse de la norme japonaise de l'époque, il procède peu par allusions ou images. Dans ses romans, il se passe vraiment des choses et le lecteur occidental parvient sans peine à s'en rendre compte.

Ensuite, beaucoup de ses romans évoquent les prostituées et le demi-monde nippons, avec leurs traditions et leurs rituels. Par une formidable capacité d'empathie, Kafû (il choisit de se faire éditer sous son seul prénom) parvient à restituer la vie et les sentiments non seulement des geishas mais aussi des membres de leur entourage avec une justesse étonnante car elle prend en compte leur humanité.


Tout au long de son existence, il restera fortement attaché à ce monde si particulier, alors sur le déclin. A sa mort, scandaleux jusqu'à la tombe, il demanda d'être inhumé dans un cimetière de prostituées.

Un sacré bonhomme - et un grand écrivain.

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