lundi 29 septembre 2014

Abe Kôbô

7 mars 1924, Tôkyô (Japon) : naissance d'Abe Kimifusa, dit Abe Kôbô, nouvelliste, dramaturge & romancier.

Sa jeunesse se passe à Mukden - actuelle Shen Yang - en Mandchourie, où son père enseigne dans une école de médecine. La famille ne retournera au Japon qu'en 1941 car Kôbô doit y effectuer son service militaire, expérience qui, dit-on, sera à l'origine de son antimilitarisme forcené. Deux ans plus tard, le jeune homme entre à l'Université impériale de Tôkyô d'où il sortira en 1948, titulaire d'un diplôme en médecine qui ne lui permet cependant pas d'exercer.

Un an auparavant, il a publié ses premiers poèmes, "Mumei Shishu / Poèmes d'un Poète Inconnu". En 1948, paraît son premier roman, "Le Feu au bout de la rue" qui le fait remarquer par la critique en tant qu'auteur avant-gardiste. En 1951, il recevra d'ailleurs le Prix Akutagawa pour un autre roman, "Les Murs." Toutefois, il faudra attendre la publication de "La Femme des Sables", en 1962, pour qu'il accède à la reconnaissance internationale. En France notamment, "La Femme des Sables" reçoit le Prix du Meilleur Livre Etranger.

Paradoxalement, l'apothéose d'Abe Kôbô va marquer son exclusion du Parti communiste japonais, où il avait sa carte depuis 1945. Les instances dirigeantes n'ont guère apprécié le thème de "La Femme des Sables", qui évoque la perte d'identité et l'aliénation de la personnalité au service d'une communauté ...

Le livre sera adapté à l'écran dans les années soixante par le réalisateur japonais Teshigahara Hiroshi, par ailleurs ami du romancier, qui filmera également des adaptations de "La Face d'un Autre" et "Le Plan Déchiqueté." En 1973, Abe passera lui-même à la réalisation dans le studio qu'il fondera à Tôkyô, toujours dans l'optique avant-gardiste.

Il devait mourir vingt ans plus tard, le 22 janvier 1993, à Tôkyô.

Dans tous ses récits, longs, courts ou taillés pour le théâtre ou le cinéma, Abe Kôbô peint un monde surréaliste et souvent cauchemaresque, au sein duquel l'individu frôle la folie ou la mort (à moins qu'il n'y tombe carrément) dans sa quête éperdue de lui-même. Aussi a-t-on comparé l'auteur japonais à Kafka et, après le succès de "La Femme des Sables", son influence s'est-elle étendue très facilement au-delà de son île natale.

Ôe Kenzaburô, l'un de ses amis, estime pour sa part que les romans d'Abe transcendent leur objectif premier et égalent en génie des oeuvres aussi différentes que celles de Kafka et de Faulkner. Pour lui, Abe Kôbô, plusieurs fois pressenti pour le Prix Nobel, aurait dû le recevoir.

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