dimanche 28 septembre 2014

Rashômon & Autres Contes - Akutagawa Ryûnosuke (1)

Sakuhin-shu
Traduction & introduction : Arimasa Mori

Notre Opinion

Personnages


Extrait de "Figures Infernales" :
 
Citation :
[...] ... A ces mots de Paravent des Figures Infernales, il me semble que l'aspect terrifiant de cette peinture s'impose immédiatement. Des scènes de l'Enfer, il en est d'autres. Mais les toiles de Yoshihidé différaient par leur composition de celles de ses collègues. Les Dix Rois et leur suites étaient relégués, rapetissés, dans un coin du Paravent, et dans tout l'espace libre tourbillonnaient des flammes puissantes au point de roussir le Mont des Glaives et les Arbres hérissés de sabres. De sorte que, hormis les robes jaunes et bleues à la chinoise des suppôts de l'Enfer çà et là dispersés, les langues de feu impétueuses remplissaient tout l'espace dans lequel dansaient avec furie, en forme de swastika, des fumées noires tracées en éclaboussures d'encre et des étincelles de feu projetées en poudre dorée.

Cela seul, par sa puissance évocatrice, aurait suffi à frapper les yeux. Enfin, il n'y avait pas un damné à se contorsionner dans cette géhenne qui eût rien de commun avec ceux des habituelles Figures Infernales.
La raison en est qu'en ces multitudes de damnés, Yoshihidé avait représenté des hommes de toutes conditions depuis les courtisans jusqu'aux mendiants, jusqu'aux réprouvés : grands officiers de la Cour, dans leurs impeccables robes de cérémonie, séduisantes dames d'honneur dans leurs robes à cinq plis, récitants avec leurs chapelets au cou, jeunes guerriers à hautes chaussures en bois, fillettes minces dans leur longue robe, devins portant la bandelette sacrée à la main ... il n'est pas possible de les énumérer tous. ... [...]
 
 Extrait de "Le Nez" :
Citation :
[...] ... La recette [pour réduire le nez de l'Aumônier] était d'ailleurs très simple : elle consistait à faire bouillir le nez dans de l'eau chaude et à le faire piétiner.

Dans les bains du temple, l'eau était toujours à chauffer sur le feu. Le disciple rapporta sur le champ, dans un seau, de l'eau chaude si brûlante qu'on pouvait à peine y tremper un doigt. Aussi, en plongeant son nez, Zenchi risquait-il d'avoir la face brûlée par la vapeur. On mit donc sur le seau un couvercle de bois au milieu duquel était percé un trou pour le passage du nez. Le nez de l'Aumônier était d'ailleurs tout-à-fait insensible à la chaleur. Au bout d'un certain temps, le disciple demanda :

- "Il doit être bien bouilli, maintenant ?"

Zenchi eut un rire forcé.

- "En entendant ces paroles, qui eût pu se douter qu'il s'agissait du nez d'un homme ?" pensa-t-il.

Le nez plongé dans l'eau chaude lui donnait un prurit semblable à celui que cause la piqûre d'une puce.

Lorsque le moine eut tiré du trou son nez fumant, le disciple se mit à le piétiner de toutes ses forces. Zenchi, étendu sur le côté, le nez posé à plat sur le plancher, regardait les pieds de son disciple le marteler. ... [...]

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