lundi 29 septembre 2014

Ôé Kenzaburô

31 janvier 1935, Ile de Shikoku (Japon) : naissance d'Ôé Kenzaburô, nouvelliste & romancier, Prix Nobel de Littérature 1994.

Dès l'école, il s'intéresse à la littérature étrangère, qu'il aborde avec les oeuvres pour le jeunesse de Mark Twain et, tout particulièrement, "Les Aventures de Tom Sawyer et de Huckleberry Finn." Le livre lui fait un tel effet qu'il en apprend par coeur la traduction japonaise.

Après la Seconde guerre mondiale et avec l'Occupation américaine, il a l'occasion de lire enfin la version originale. A l'Université de Tôkyô, il est l'élève de Watanabe Kazuo, professeur de littérature française et traducteur, entre autres, de Rabelais, Erasme, etc ... A son contact, Ôé fait connaissance avec l'oeuvre des grands auteurs français, les classiques comme les plus récents. Il lit aussi Albert Camus et Jean-Paul Sartre.

Elève brillant mais solitaire, il commence à écrire ses premiers textes à l'âge de vingt-deux ans. En 1957 également, il fait paraître son premier roman, "Un Drôle de Travail", suivi, un an plus tard, de "Gibier d'Elevage", qui reçoit la même année le Prix Akutagawa. Le thème : durant la guerre américano-japonaise, un avion américain se crashe au-dessus d'un village japonais reculé. A son bord, un soldat ... mais il est noir. Or, les villageois n'ont jamais vu d'homme à la peau noire. L'ensemble est vu par les yeux d'un enfant et représente une réflexion particulièrement sensible sur le thème de la tolérance.

En 1963, la naissance de son fils, Hikari (= "Lumière" en japonais) atteint d'autisme, va bouleverser à jamais la vie de l'écrivain.
Il en tire un texte autobiographique, "Un Cas très Personnel", ainsi qu'un recueil d'essais sur la tragédie d'Hiroshima : "Notes sur Hiroshima." (Le parallèle s'explique parce que, pour Ôé, la naissance d'un enfant hors-normes "modifie l'univers [des parents] avec autant de violence qu'une explosion solaire.")

D'Ôé Kenzaburô, on citera encore "Le Jeu du Siècle", qui raconte le retour de deux frères sur l'île de Shikoku, où se mêlent élément autobiographiques et fictionnels, et "Dites-nous comment survivre à notre folie" qui, là encore, en partant de l'expérience personnelle de l'auteur durant la guerre et par la naissance de son fils, permet au lecteur d'atteindre des thèmes universels.

Ôé a évidemment été fortement marqué par le nationalisme forcené qui précipita le Japon dans les bras du conflit mondial, et il y fait souvent référence. Il critique aussi l'urbanisation de son pays et le véritable culte qui y est porté aux nouvelles technologies. Il prône à la fois le pacifisme et le retour à la nature et à la contemplation de celle-ci. Tout cela dans un style ample, dense, foisonnant, qui n'a pas d'égal au Japon et qui mêle avec un rare bonheur Histoire et fragments biographiques, mythologie et flux de conscience, imaginaire et réalité.

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