samedi 27 septembre 2014

Alexander Pope (I)


21 mai 1688, Londres (Grande-Bretagne) : naissance d'Alexander Pope, poète.

Fils d'un marchand de linge de maison catholique qui avait pignon sur rue à Plough Court, sur Lombard Street, Pope avait pour tante maternelle l'épouse du célèbre miniaturiste Samuel Cooper. L'éducation qu'il reçut fut grandement entravée par les "Test Acts" qui venaient d'être promulgués et confirmaient le statut de l'Eglise d'Angleterre par toute une série de mesures discriminatoires contre les catholiques. Se faire enseignant ou même s'inscrire dans une université devenaient choses peu faciles, pour ne pas dire impossibles. Enfin, la célébration du culte catholique en un lieu public était désormais punie d'un emprisonnement à vie.

Ce fut sa tante qui apprit à lire au petit Alexander. Après cela, vers 1698 / 99, il passa par l'école de Twyford, dans le Hampshire avant de connaître deux institutions catholiques londoniennes. Bien qu'illégales, de telles écoles étaient tout de même tolérées dans la pratique.

En 1700, les Pope avaient emménagé dans la petite propriété de Popeswood, à Binfield, dans le Berkshire, non loin de la Forêt royale de Windsor. Là encore, l'opinion anti-catholique, à cette époque très puissante, avait joué son rôle : il était en effet désormais interdit aux tenants de cette religion de vivre à moins de 10 miles - 16 kilomètres environ - de Londres et Westminster. Le poème "Windsor Forest", que Pope composera bien plus tard, évoque cette période.

Compte tenu de toutes ces embûches placées sur son chemin par les excès religieux des Anglicans, Pope fut essentiellement un autodidacte qui lisait à peu près tout ce qu'il lui tombait sous la main, des classiques comme Horace et Juvénal aux poètes épiques comme Homère et Virgile, sans oublier des auteurs bien anglais comme Chaucer, Shakespeare et John Dryden. Il étudia également toutes sortes de langues étrangères et lisait couramment le français, l'italien, le latin et les poètes grecs. Au bout de cinq années de ce régime, il entra en relation avec quelques figures notables des milieux littéraires londoniens, tels le dramaturge William Wycherley, le poète et auteur dramatique William Congreve, le poète Samuel Garth qui exerçait par ailleurs la profession de médecin, le politicien whig William Trumbull et le poète et critique William Walsh.

Mais à Binfield aussi, il se fit pas mal d'amis, et des amis influents. L'un d'eux, John Caryll, futur dédicataire de "The Rape of the Lock", avait vingt ans de plus que lui et possédait énormément de relations dans le monde littéraire de la capitale. (Ce fut lui qui mit Pope en relation avec Wycherley et Walsh, lesquels devaient aider le jeune homme à retravailler son premier grand poème, "The Pastorale".) A Binfield, Pope se lia également avec les soeurs Blount, Teresa et Martha. On lui prêtera d'ailleurs une relation amoureuse avec Martha mais une chose est certaine : les deux soeurs et Pope restèrent toujours bons amis.

Signalons que, depuis l'âge de douze ans, Pope souffrait de nombreux problèmes de santé, en particulier de la maladie de Pott - une forme de tuberculose qui atteint les os - laquelle déforma plus ou moins sa charpente osseuse et l'empêcha de se développer normalement - il ne dépassa jamais 1, 37 m. Il lui en resta une bosse importante, des difficultés respiratoires assez graves, une prédisposition à des montées de fièvre, à l'inflammation des yeux et aussi aux maux de ventre. Déjà rejeté par la société du temps en raison de sa foi catholique, il se retrouvait donc encore un peu plus marginalisé par sa pauvre santé.

Précisons que, même s'il ne se maria jamais, Pope eut beaucoup d'amies du sexe dit faible, avec lesquelles il échangea une correspondance des plus intéressantes. Nous avons déjà évoqué ses amours avec Martha Blount mais il semble que rien ne vienne vraiment étayer cette histoire.

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