samedi 27 septembre 2014

D. H. Lawrence (IV)

Fin février 1922, les Lawrence quittent l'Europe avec l'intention d'émigrer aux Etats-Unis. Ils embarquent pourtant vers l'Est, tout d'abord pour Ceylan, puis pour l'Australie. Un petit séjour à Darlington, en Australie occidentale, durant lequel ils rencontrent l'auteur locale Mollie Skinner, est suivi d'une brève étape dans la petite ville côtière de Thirroul, en Nouvelles-Galles-du-Sud. C'est là que l'écrivain achève "Kangourou", un roman traitant essentiellement des éléments politiques de la région mais où il évoque aussi son expérience personnelle de la guerre en Cornouailles.

En septembre de la même année, les Lawrence débarquent aux Etats-Unis. Ils y font la connissance de Mabel Dodge Luhan, une mondaine très en vue, et étudient la possibilité d'établir une communauté d'idéal utopiste dans une propriété sise près de Taos, au Nouveau-Mexique, le Ranch Kiowa. Installés provisoirement à Lamy, ils proposent au vendeur de lui remettre le manuscrit original d'"Amants & Fils" en échange de la propriété. L'affaire faite, Lawrence passe deux ans au Nouveau-Mexique tout en faisant de fréquentes excursions au lac Chapala et à Oaxaca, au Mexique. A cette époque, il reçoit la visite d'Aldous Huxley.

Pendant sa période américaine, l'Anglais retravaille et publie "Studies in Classic American Literature / Etudes sur la Littérature Américaine Classique", un ensemble d'essais critiques datant déjà de 1917 et dont l'écrivain et critique littéraire Edmund Wilson dira plus tard qu'il s'agit de "l'un des quelques rares livres de première qualité jamais écrite sur la question." Ce livre, avec ses aperçus sur le Symbolisme, le Transcendentalisme de la Nouvelle-Angleterre durant les années 1830 et 1840, et la sensibilité puritaine, a joué un rôle important dans le renouveau dont a bénéficié Herman Melville au début des années vingt.

En parallèle, Lawrence achève pas mal de textes de fiction dont "The Boy in The Bush", "The Plumed Serpent / Le Serpent A Plumes", "The Woman Who Rode Away", "The Princess", etc ... Il trouve également le temps d'écrire quelques récits de voyages, dont "Mornings in Mexico."

Après le nouvel échec d'un court voyage en Grande-Bretagne à la fin 1923, Lawrence revient panser ses blessures à Taos, persuadé que sa vie d'écrivain est désormais sur le continent américain. En mars 1925, il a malheureusement une très grave crise de malaria et de tuberculose lors de son troisième séjour à Mexico. Bien qu'il ait fini par se remettre, le diagnostic des médecins le contraint à regagner une fois encore le Vieux Continent. Il est en fait gravement malade et sa santé affaiblie contrariera à l'avenir tous ses projets de voyages - ou de fuites.

Avec son épouse, il s'installe dans une villa, en Italie du Nord, près de Florence. Il y écrit "The Virgin & the Gipsy / La Vierge & le Gitan" et surtout les différentes versions de "Lady Chatterley's Lover." Ce dernier, son oeuvre la plus connue, qu'on considère souvent aussi comme son oeuvre majeure, est tout d'abord publié dans des éditions privées à Florence et à Paris. Sa notoriété en sort grandie. L'écrivain trouve encore la force de répondre avec vigueur à ceux qui s'estiment offensés par le roman, rédigeant entre autres des poèmes satiriques qui paraissent sous le titres "Pansies / Pensées" et "Nettles / Orites." Il ne faut pas oublier de mentionner son espèce de manifeste "Pornography & Obscenity."

Ce retour en Italie permet à Lawrence de renouer avec de vieux amis. Il est particulièrement proche d'Aldous Huxley, qui éditera après sa mort le premier volume de ses "Lettres", augmentées d'une postface. Avec le peintre américain Earl Brewster, Lawrence visite également des sites archéologiques et l'on peut retrouver ses impressions dans "Sketches of Etruscan Places / Croquis Etrusques", où il oppose avec talent la vie antique à celle de l'Italie moderne sous le régime du Duce.

Il continue à écrire des nouvelles. Il se risque même à tenter une révision très peu orthodoxe de la résurrection du Christ : il s'agit de "The Escaped Cock", parfois édité sous le titre "The Man Who Died."

Son intérêt pour la peinture à l'huile se réveille mais une exposition de ses toiles à la Warren Gallery de Londres, au milieu de 1929, est interrompue par l'arrivée de la police et nombre de pièces sont confisquées. (Depuis la mort de Frieda Lawrence, neuf toiles de son mari sont visibles au "La Fonda Hotel" de Taos."

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