mardi 30 septembre 2014

Izumi Kyôka (I)

4 novembre 1873, Kanazawa - Préfecture d'Ishikawa (Japon) : naissance d'Izumi Kyôtarô, dit Izumi Kyôka, dramaturge, nouvelliste et romancier.

Son père, Izumi Seiji, était un artisan, spécialisé dans l'incrustation de pièces métalliques. Sa mère, Nakata Suzu, était la fille d'un joueur de tambour tsuzumi originaire d'Edo et la plus jeune soeur du grand comédien de théâtre Nô, Kintarô Matsumoto. Mais la famille s'était hélas ! appauvrie et le jeune Kyôtarô dut se contenter, pour son instruction, de l'Ecole anglo-japonaise Hokuriku, dirigée par les missionnaires.

Sa mère l'avait déjà initié à la littérature en utilisant ces livres qui mêlent les images et le texte que l'on appelle au Japon kusazôshi. L'influence de cette première forme du livre est sensible dans la technique qu'il déploiera lorsqu'il sera devenu écrivain. En avril 1883, sa mère décède à l'âge de vingt-neuf ans, et cette mort crée en lui un vide énorme qu'il cherchera à combler toute sa vie en imaginant ses personnages féminins.

Le futur écrivain a seize ans quand il découvre les "Confessions Amoureuses de Deux Nonnes", d'Ozaki Kôyô : c'est le déclic qui le décide à embrasser la carrière littéraire. La même année, au mois de juin, il se rend à la Préfecture de Toyama. Il travaille comme professeur dans des écoles privées préparant aux grandes universités et répartit son temps libre entre l'étude des kusazôshi et celle des vomihon, ce genre littéraire fortement influencé par le roman chinois. En novembre, on le retrouve à Tôkyô, bien décidé à devenir l'élève d'Ozaki.

Sans aucune lettre de recommandation, il se présente à l'écrivain et lui explique son puissant désir d'intégrer immédiatement ses cours. Le Maître l'accepte sans sourciller et commence alors pour lui la vie d'apprenti. Il passe désormais tout son temps chez Ozaki, corrigeant ses manuscrits et accomplissant des tâches ménagères. Izumi ne cessera de porter à son maître une véritable adoration, le considérant certes comme un professeur mais aussi comme un bienfaiteur qui le protégea dans sa carrière avant qu'il s'y fût fait un nom. 
 En mai 1893, le journal Hi no De, basé à Kyôtô, commence la publication du premier grand texte d'Izumi : "Kanmuri Yazaemon." Mais le feuilleton est loin d'être populaire et le rédacteur en chef en demande l'arrêt quasi immédiatement. Ozaki monte alors au créneau pour défendre son protégé. L'année suivante, l'histoire est revendue au journal de Kaga, Hokuriku Shinpo, une fois encore à des fins de parution en feuilleton. Cette fois, la critique émet un avis favorable - et sans doute Ozaki y est-il, là encore, pour quelque chose.

La même année, Tantei Bunko publie "Iki-ningyô / La Marionnette Vivante" et "Kindokei / L'Horloge en Or" sort dans le Shonen Bungaku. En août, Izumi doit retourner à Kanazawa pour y suivre un traitement contre le beriberi. Sur le chemin du retour, il flâne un peu à Kyôtô et dans la région d'Hokuriku. Il utilisera plus tard les souvenirs de ce voyage pour "Tanin no Tsuma / L'Epouse de l'Autre Homme."

Le 9 janvier 1894, le décès de son père le rappelle une fois encore à Kanazawa. Face à un avenir qu'il devine incertain, Izumi s'inquiète : comment assurera-t-il le quotidien, pour sa famille et pour lui ? Car il a désormais à charge une grand-mère et un frère plus jeune. Mais la vieille dame l'encourage fortement à retourner travailler à Tôkyô. Aussi, au mois d'octobre, peut-il publier "Yobihei / Le Réserviste" et "Giketsu Kyôketsu / Le Vertueux & le Chevaleresque." Ce dernier sera plus tard adapté au théâtre sous le titre "Taki no Shiraito / Le Magicien des Eaux."

En février 1895, afin de continuer à faire vivre sa famille à Kanazawa, Izumi emménage chez Ottowa Ohashi afin de travailler sur une encyclopédie. A son départ, Ozaki le convie à un repas à l'occidentale où il apprend à manier le couteau et la fourchette.

Avril de cette année-là est un mois singulièrement faste pour le jeune auteur puisque c'est celui où il recueille son premier succès critique véritable avec "Yakôjunsa / Le Veilleur de Nuit", qui paraît dans le magazine Bungei Kurabu. Grâce à la valeur qu'attache Rejun Taoka à l'histoire, le texte suivant d'Izumi, "Gekashitsu / La Chambre d'Opération", sort dans les premières pages du Bungei Kurabu : c'est ainsi qu'Izumi Kyôka fait son entrée officielle dans les cercles littéraires de la capitale.

En mai 1896, l'écrivain rend visite à sa grand-mère, qui a maintenant plus de soixante-dix ans. L'année suivante, il décide de s'offrir sa propre maison à Koishikawa et fait venir la vieille dame afin qu'elle vive auprès de lui. En dépit de ses soucis de santé - le beriberi a laissé des séquelles - Izumi se montre très prolifique à cette époque même si son travail reçoit des critiques inégales. "Kôya Hijiri / Le Saint Homme du Mont Kôya", à ce jour son texte le plus lu et, pour certain, le plus représentatif de sa manière, paraît au tournant du siècle, en 1900.

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