samedi 27 septembre 2014

Sarah Scott

21 septembre 1720 - Ville de naissance non-indiquée - Yorkshire (Grande-Bretagne) : naissance de Sarah Robinson, par son mariage Sarah Scott, dite Sarah Scott, traductrice & romancière.

Fille de Matthew Robinson et de sa femme, Elizabeth, la future romancière appartenait, tant du côté maternel que paternel, à une famille aisée. Bien que née dans le Yorkshire, elle passa l'essentiel de sa jeunesse à Cambridge. Elle était la soeur de la saloniste et écrivain lady Elizabeth Montagu et, toute sa vie, resta très proche de celle-ci.

La jeune Sarah reçut une éducation digne de son rang et s'intéressa aussi bien à la littérature qu'à la politique. A l'âge de vingt-et-un ans, elle contracta la variole et cela joua sans doute un grand rôle dans l'intérêt prononcé qu'elle manifesta par la suite envers le handicap car, malheureusement, elle conserva des marques de la maladie à laquelle elle avait pourtant réussi à échapper. Ce traumatisme devait également orienter son existence dans une direction différente des succès mondains de sa soeur Elizabeth et explique pourquoi elle préféra consacrer sa vie à l'écriture, aux amitiés féminines et à la philanthropie chrétienne.

Après le mariage d'Elizabeth avec lord Montagu, Sarah regagna le foyer familial pour veiller sur leur mère, qui se mourait d'un cancer. Au décès de Mrs Robinson, en 1746, la jeune femme suivit Elizabeth à Bath et ce fut dans cette ville d'eaux qu'elle fit la connaissance de celle qui allait devenir sa compagne, lady Barbara Montagu.

A l'âge de vingt ans cependant, Sarah s'était engagée à épouser un ami de sa famille du nom de George Lewis Scott, de douze ans son aîné. Il n'avait pas de profession bien définie et, à vrai dire, aucun revenu véritable digne de ce nom. De son côté, Sarah ne disposait pour seule dot que de 1 500 livres. Aussi dut-elle, par l'intermédiaire de sa soeur (et de "lady Bab"), procurer un poste à son fiancé, qui devint second précepteur du Prince de Galles, futur George III.

Selon sa biographe Barbara Schnorrenberg, les Montagu traitaient Sarah un peu comme une domestique et ce fut pour cette raison qu'elle chercha à se marier. La cérémonie eut lieu en juin 1751 mais, selon certaines archives toutes plus crédibles les unes que les autres, le mariage ne fut jamais consommé. En avril 1752, quelque chose se passa même entre les deux époux qui contraignit le père et les frères de Sarah à se rendre à Londres afin d'aider leur fille et soeur à quitter son mari. Sarah se retrouvait donc à la charge de son père qui, il faut bien le dire, ne se montra pas très généreux avec elle. Pire, il alla jusqu'à interdire à Elizabeth et à Matthew, l'un des frères Robinson, d'aider leur soeur. Fort heureusement, George Lewis Scott s'engagea à lui payer cent livres par an. Ce n'était pas bien lourd mais c'était mieux que rien.

Quand elles s'installèrent à Bath, Sarah et lady Barbara vécurent donc de façon très frugale. Elles s'engagèrent activement dans le soutien aux pauvres, spécialement aux femmes. Elles mirent en projet toute une série de travaux pour les femmes pauvres et que la Nature ou le Hasard n'avait guère flattées physiquement et fondèrent une école pour elles dès 1754.

L'année précédent son mariage, Sarah avait achevé son premier roman, "The History of Cornelia", où elle brosse le portrait d'une jeune femme idéale et pieuse. Mais, en 1754, elle essaya de se procurer des revenus réguliers en passant à la traduction d'oeuvres françaises et latines. La même année, elle rédige "A Journey through every Stage of Life", une série de contes dans le style des "Mille-et-Une-Nuits" où la princesse Shéhérazade est remplacée par une jeune servante.

En 1760, à l'avènement de George III, Scott fait paraître une étude politique sur Gustave Ier de Suède, "The History of Gustavus Ericson, King of Sweden", axée sur le thème du roi-patriote. Dans l'espoir de complaire à Charlotte, l'épouse de George III, elle donne ensuite "The History of Mecklenburg, from the First Settlement of the Vandals in That Country to the Present Time."


En 1762, elle publie son roman "A Description of Millenium Hall and the Country Adjacent" qui connaîtra quatre éditions et qui se révèle comme un texte féministe. 


 La pension de trois-cents livres qui échoit, en 1763, à lady Barbara va considérablement alléger les soucis financiers du couple qu'elle forme avec Sarah Scott, à un point tel que cette dernière ne devrait plus avoir besoin d'écrire jusqu'à la fin de ses jours. Malheureusement, deux ans plus tard, lady Barbara vient à mourir et Scott se remet au travail avec "The History of Sir George Ellison", qui sort en 1766.

Il s'agit d'un roman utopique qui s'inspire du "Grandison" de Richardson. L'année suivante, Scott tente de créer une communauté féminine dans le Buckinghamshire. Mais, en dépit de l'intervention de Sarah Fielding et d'Elizabeth Montagu, laquelle fournit cheptel, terres et domestiques, le projet n'aboutit pas.

En 1772, Scott répond à la vague de populisme naissante par "The Life of Théodore Agrippa d'Aubigné", biographie du célèbre protestant français qui se montra un ennemi acharné aussi bien de la dictature populaire que de la monarchie absolue. Signalons encore son roman épistolaire "The Test of Filial Duty", échange de lettres entre Miss Emilia Leonard et Miss Charlotte Arlington qui prône le droit des filles à se choisir un époux.

En 1775, Sarah apprend la mort de son beau-frère, lord Edward Montagu. Sa soeur décide alors de lui verser désormais deux-cents livres par an. Selon la loi des séries, Mr Robinson Père meurt à son tour et laisse à Sarah encore plus d'argent. Elle n'écrira plus.

Sarah Scott s'éteint à Bath, le 3 novembre 1795, laissant derrière elle une oeuvre dominée par la piété et dont les héroïnes ne sont pas, à proprement parler, des femmes "libérées." En effet, si elles s'émancipent bel et bien de la tutelle masculine, celles-ci se laissent absorber par un sens du devoir à la fois religieux et social que certains interpréteront comme un nouvel esclavage.

A notre connaissance, aucun texte de Sarah Scott n'est disponible en français.

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