samedi 13 septembre 2014

Madame de Staël (I)

22 avril 1766, Paris : naissance d'Anne-Louise-Germaine Necker, par son mariage baronne de Staël-Holstein, dite Mme de Staël, romancière & essayiste.

D'origine suisse-romande, la future Mme de Staël n'est autre que la fille du banquier Necker, qui sera ministre des Finances sous Louis XVI. Sa mère quant à elle est la fille d'un pasteur calviniste et ses conceptions très dévotes de l'existence imposent à l'enfant une éducation tout à fait opposée à celle prônée à l'époque par Jean-Jacques Rousseau. Considérant l'absence absolue de sens de la famille que possédait ce dernier, pourtant très grand donneur de leçons en matière d'éducation on se dit que ce ne fut peut-être pas là, pour la petite Germaine, une grande perte ... Wink
L'enfant est intelligente et volontaire. Dès l'adolescence, elle tient son cercle et sait converser avec les hôtes du salon de sa mère. Elle connaît l'anglais, le latin, la danse, la musique, la récitation, la diction ... adore le théâtre et fait preuve d'une très grande curiosité intellectuelle.
Quand vient pour elle le temps du mariage, on évoque les noms de prétendants comme Axel de Fersen, ambassadeur de Suède, M. de Mecklembourg, le comte Louis de Narbonne-Lara - qui deviendra par la suite l'un de ses amants - et même William Pitt, premier ministre de Grande-Bretagne. C'est que, pour M. et Mme Necker, il n'est pas question d'un gendre catholique. Finalement, c'est le baron de Staël-Holstein, qui s'était porté candidat alors que Germaine n'avait que treize ans, qui l'épouse en 1786, dans la chapelle luthérienne de l'ambassade de Suède. Il a dix-sept ans de plus qu'elle mais, à l'époque, cette différence ne choque guère.

La petite Gustavine, morte à deux ans et qui eut pour parrain Gustave III, roi de Suède, était certainement la fille légitime du baron. Mais en ce qui concerne ses frères et soeurs ... Auguste, né en 1790, et Albert, né en 1792, sont sans doute les fruits de la liaison de Mme de Staël avec le comte de Narbonne-Lara et Albertine, qui voit le jour en 1797 et qui deviendra duchesse de Broglie, a vraisemblablement pour père Benjamin Constant

 On devine que ce mariage de convenance et bien dans le goût du temps n'est pas très heureux. Ce qui explique en partie le comportement "libertin" de la baronne de Staël.

Comme sa mère, elle a son propre salon où se pressent les représentants d'une génération bousculée par les idées neuves alors dans l'air : La Fayette, Noailles, Clermont-Tonnerre, Condorcet, Louis de Narbonne, Mathieu de Montmorency (qui restera son ami le plus fidèle) et enfin Talleyrand qui, lui, avait un sens de l'amitié plus variable. Rappelons que Mme de Staël favorisera le retour de celui-ci, exilé aux Etats-Unis. Leur correspondance, extrêmement fournie, est à lire.

Quand éclate la Révolution française, Mme de Staël en est tout d'abord une partisane convaincue. Elle assiste d'ailleurs, le 5 mai 1789, à l'ouverture des Etats-Généraux, à Versailles. Mais à compter de 1792, elle doit envisager l'exil car la faveur dont elle entoure les idées révolutionnaires ne va pas jusqu'à priver le pays d'une monarchie constitutionnelle. Brouillée autant avec les révolutionnaires purs et durs qu'avec les tenants de l'Absolutisme, elle part donc en Angleterre.

Après Thermidor et la chute de Robespierre, Mme de Staël revient en France et publie, en septembre 1794, ses "Réflexions sur le Procès de la Reine, plaidoyer en faveur de Marie-Antoinette à l'adresse des autres femmes." Texte féministe avant que le mot soit inventé, Germaine de Staël y dénonce les misères de la condition féminine qui, en dépit des apparences, restent les mêmes pour toutes les femmes, quel que soit leur statut social.


A partir de là, Mme de Staël ne cessera plus de publier, dans un style qui nous semble certes bien vieilli mais qui, pour l'époque, est on ne peut plus novateur.

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