samedi 13 septembre 2014

Jan Potocki



8 mars 1761, Pików (Pologne) : naissance de Jan Potocki, linguiste & écrivain.

Né au sein d'une famille de la vieille aristocratie polonaise, l'enfant fut élevé à Genève et à Lausanne. On sait qu'il servit deux fois sous le drapeau de son pays, en qualité d'ingénieur militaire avec le grade de capitaine et passa quelque temps sur une galère en tant que chevalier-novice de l'Ordre de Malte. On pense aussi qu'il fut franc-maçon. De toutes façons, sa vie durant, il manifesta un grand intérêt envers l'occultisme.
Cette existence si agitée le conduisit à travers toute l'Europe, en Asie et en Afrique du Nord. Il s'y mêla aux intrigues politiques, flirta avec les sociétés secrètes, contribua aux débuts de l'ethnologie - Potocki est en effet l'un des premiers à avoir étudié les peuples antérieurs aux Slaves tant d'un point de vue linguistique qu'historique.

En 1790, il se révèle une nouvelle fois pionnier, mais cette fois dans l'aérostation : il effectue un vol dans un ballon gonflé à l'air chaud. Il se trouve en compagnie de l'aéronaute Jean-Pierre Blanchard et le ballon survole Varsovie. Cet exploit le fait connaître du grand public. On notera qu'il fonda aussi à Varsovie une maison d'édition dénommée "Drukarnia Wolna / La Presse Libre" et, en 1792, le premier salon de lecture gratuit de la ville.

La fortune de Potocki lui permit une foule de voyages. Il découvrit l'Italie, la Sicile, Malte, les pays scandinaves, l'Allemagne, la France, l'Angleterre, la Russie, l'Empire ottoman, l'Espagne, la Tunisie, le Maroc, l'Egypte et poussa même une pointe en Mongolie. Ses voyages, il les a racontés dans des ouvrages comme "Voyages dans les Steppes d'Astrakhan et du Caucase" ou "Voyages au Caucase et en Chine." Ils regorgent de renseignements sur la langue, l'histoire et les peuples des pays traversés.

Marié deux fois, Potocki eut cinq enfants. Des rumeurs scandaleuses coururent sur l'une comme l'autre de ses unions dont la première se termina par un divorce retentissant. En 1812, désabusé, en mauvaise santé, il se retira dans sa propriété d'Uladowka, en Pologne : il souffrait de ce que l'on appelait à l'époque des "humeurs mélancoliques", en d'autres termes, de dépression. Il allait consacrer les trois dernières années de son existence à compléter son oeuvre-maîtresse et seul roman, "Le Manuscrit Trouvé A Saragosse."

En 1815, le 20 novembre, le 2 décembre ou encore le 11 - on ignore la date exacte - le comte Jan Potocki mettait fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête.
La légende prétend qu'il l'avait fait sculpter dans un sucrier d'argent jadis offert par sa mère et qu'il l'avait fait bénir par son chapelain.

 L'oeuvre la plus célèbre de Potocki, c'est évidemment "Le Manuscrit Trouvé A Saragosse." Ecrite en français - comme tous les livres de l'auteur - il s'agit d'une histoire à tiroirs qu'il aurait imaginée pour faire plaisir à sa femme. En raison de la richesse de sa structure et de tous ces récits qui se télescopent les uns les autres, le roman est souvent comparé à des oeuvres comme "Le Décameron" ou encore "Les Mille et une nuits."

Le titre du livre trouve son explication dans un avant-propos rédigé par un officier français anonyme. Celui-ci raconte sa découverte, tout-à-fait fortuite, d'un curieux manuscrit espagnol, durant le sac de Saragosse par les armées napoléoniennes en 1809. Aussitôt après, l'officier est capturé par les Espagnols et dépouillé. Mais un officier espagnol reconnaît l'importance du manuscrit et le traduit en français pour son prisonnier.


Il s'avère que le manuscrit en question a été écrit par un jeune officier de la Garde wallonne, Alphonse van Worden. En 1739, alors qu'il fait route pour Madrid où il s'apprête à servir l'armée du roi d'Espagne, il est dérouté vers la région cahotique de la Sierra Morena. Là, sur une période de soixante-six jours, il est confronté à toute une foule de personnages, princesses musulmanes, bohémiens, hors-la-loi et cabbalistes qui lui raconte les histoires les plus bizarres, comiques ou fantastiques. Ce sont ces histoires qu'il rapporte dans son journal.

Les soixante-six récits couvrent un large spectre de thèmes, de sujets et de styles, incluant l'horreur gothique, les aventures picaresques et comiques, les contes érotiques et les contes moraux. Ils reflètent l'intérêt de Potocki envers les sociétés occultes, le surnaturel et les cultures orientales et débordent d'observations détaillées sur les us et coutumes des Européens du XVIIIème siècle, notamment sur l'aristocratie espagnole.


Nombre des lieux décrits dans le roman existent bel et bien dans les régions et les pays que Potocki avait visités dans ses voyages personnels.

On pense que Potocki commença à écrire son roman dans les années 1790 et qu'il l'acheva en 1814, un an avant sa mort. L'ouvrage ne fut jamais publié dans son intégralité du vivant de son auteur. Des extraits en ont certainement circulé à St Pétersbourg en 1805 et d'autres ont été publiés, avec l'accord certain de Potocki, à Paris, en 1813. Une troisième édition, qui combinait tous les extraits déjà parus, était prévue pour 1814 mais il semble que, à sa mort, Potocki n'avait pas encore choisi la forme définitive qu'il donnerait à son roman.


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