
ISBN : Non Indiqué
Extraits
Personnages
Il est toujours émouvant - mais aussi ô combien instructif et encourageant - de lire les premiers textes d'un écrivain, surtout s'il a la réputation que parvint à se forger, à force d'un travail constant sur ses tendances au Romantisme le plus échevelé, Jules-Amédée Barbey d'Aurevilly.
De cette courte nouvelle qu'est "Le Cachet d'Onyx", on retient que la "patte" - ou plutôt la "griffe" - de Barbey est là, tout au fond, sous les excès d'un style ampoulé, alambiqué et pourtant survolté que le jeune auteur de vingt-trois ans a encore plus envie d'étaler que de maîtriser. Ce texte, Barbey y tient : c'est une sorte de revanche sur l'un des grands amours de sa vie, Louise du Méril, née Ango - la Maria de la nouvelle - et c'est, bien entendu, une histoire horrible - surtout pour l'époque - que l'écrivain ne se résoudra jamais à publier de son vivant.
Le thème est mondain, voire superficiel comme le seront encore "La Bague d'Annibal" et "L'Amour Impossible." Un jeune dandy, Auguste Dorsay, qui s'est peu à peu détaché de sa maîtresse, Hortense de ***, laquelle lui vouait pourtant un amour sincère, se laisse persuader par ses amis et compagnons de libertinage que la jeune femme a repris un amant. Et dans un contexte un peu abracadabrant - je n'ai pas encore compris comment il réussissait à s'introduire, de nuit, chez la malheureuse - soudain pris d'un accès de jalousie réellement perverse, Dorsay "marque" la jeune femme d'un cachet d'onyx passé au feu. Non sur l'épaule - on n'est pas dans le "Forfaiture" de Cecil B. de Mille

En effet, plus que celle de Byron, l'influence du Divin Marquis est ici manifeste. Le lecteur qui a déjà tâté du Barbey ne s'en étonnera guère tant son génie, qui mêle étroitement le sexe, la jalousie et la passion à un fantastique souvent glauque - relisez "Le Rideau Cramoisi" ou encore "Le Bonheur dans le Crime" - aime les situations exacerbées, à la limite extrême d'un sadisme le plus souvent, il est vrai, intellectuel que physique.
A lire. Avec, d'ailleurs, déjà, cette délectation indicible que l'amateur goûte en parcourant les textes majeurs de Barbey d'Aurevilly.

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