vendredi 19 septembre 2014

Lafcadio Hearn (II)

A l'automne 1877, Hearn quitte Cincinnati pour la Louisiane et La Nouvelle-Orléans. Au départ, il doit écrire des papiers sur ses découvertes sur "la Porte des Tropiques" et les expédier au Cincinnati Commercial.

A l'arrivée, Hearn va passer près de dix ans à La Nouvelle-Orléans, écrivant tout d'abord pour The Daily City Item et, plus tard, pour TheTimes Democrat. Le nombre des textes qu'il rédige sur La Nouvelle-Orléans et sur ses environs est pour le moins imposant et il faut signaler que tous n'ont pas été rassemblés. Il y parle aussi bien de la Ville créole et de sa cuisine si reconnaissable et si savoureuse que de l'Opéra français et du vaudou de Louisiane. La parution de nombre d'entre eux dans des publications nationales de style Harper's Weekly et Scribner's Magazine devait contribuer à façonner la réputation populaire de La Nouvelle-Orléans et de la Louisiane, une ville et une région dont la culture est bien plus proche de celle de l'Europe et de celle des Caraïbes que de celle de l'Amérique du Nord.

Parmi ses recueils les plus célèbres sur la Louisiane, on citera : "Gombo Zhèbes, Little Dictionnary of Creole Proverbs in Six Dialects / Gombon Zhèbes, Petit Dictionnaire de Proverbes Créoles en Six Dialectes", qui date de 1885, "La Cuisine Créole", qui date de la même année et, sous son titre français, rassemble une foule de recettes des grands chefs et de ménagères créoles de la bonne société - un livre qui a largement contribué à établir solidement l'excellence de la cuisine de La Nouvelle-Orléans - et "Chita : A Memory of Last Island / Chita : Mémoire de la Dernière Ile", une longue nouvelle basée sur l'ouragan de 1856, qui fut publiée dans le Harper's Monthly en 1888.

Hearn est aussi l'auteur, pour le Harper's Weekly, mais en 1883, du premier article connu sur les Philippins émigrés aux Etats-Unis. Il a en effet visité un de leurs villages à Saint-Malo, au sud-est du Lac Borgne, à Saint-Bernard Parish, en Louisiane.

Hearn était alors peu connu et même de nos jours, ce n'est pas pour ses écrits sur La Nouvelle-Orléans qu'il est célèbre - même si, en Louisiane, il a évidemment ses fidèles. Et pourtant, fait remarquable, plus de livres ont été écrits sur lui que sur n'importe quel autre habitant de La Nouvelle-Orléans - à l'exception de Louis Armstrong.

Parmi les textes de Hearn sur La Nouvelle-Orléans, on trouve également des descriptions impressionnistes de lieux et de personnages et de nombreux éditoriaux qui dénoncent, avec vigueur et sévérité, la corruption des politiciens locaux, les crimes qui courent les rues, la violence, l'intolérance et la faillite de la santé publique et de la politique d'hygiène officielle.

Bien qu'il soit tenu pour l'écrivain qui "inventa" La Nouvelle-Orléans en tant que lieu exotique et plein de mystères, ses nécrologies des chefs-de-file du mouvement vaudou que furent Marie Laveau et Doctor John Montenet se révèlent des plus terre-à-terre et cherchent visiblement à discréditer le culte.

Pour les anglophones, signalons une sélection des textes de Hearn faite sous le titre "S. Fredrick Starr's Book Inventing New Orleans : Writings of Lafcadio Hearn" et publiée par The University Press of Mississippi.

En 1887, Harper's expédie Hearn aux Indes occidentales. Il passe deux ans en Martinique et y écrit deux livres : "Two Years In The French West Indies / Deux Années Dans Les Indes Occidentales Françaises" et "Youma, The Story of a West-Indian Slave / Youma, Histoire d'un Esclave des Indes occidentales", tous deux sortis en 1890.

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