Venons-en maintenant à la pièce de Synge qui est ordinairement
considérée comme son chef-d'oeuvre : "The Playboy of the Western World /
Le Baladin du Monde Occidental." Représentée pour la première fois à l'Abbey Theatre le 26 janvier 1907, cette comédie a pour thème un parricide prétendu et s'attira une réaction particulièrement hostile de la part du public irlandais. "The Freeman's Journal" la dépeint "de
la première à la dernière scène, comme une diffamation continue et
absolue envers les paysans irlandais, et pire encore, si cela se peut,
en ce qui concerne les jeunes filles."
Arthur Griffith, qui estimait le théâtre de son pays comme insuffisamment engagé sur le plan politique, décrivit "Le Baladin ..." comme "une histoire ignoble et indigne de l'humanité, racontée dans le langage le plus ordurier que l'on ait jamais ouï sur une scène publique", soulignant comme un affront évident lancé à la face de toutes les Irlandaises le passage : " ... un tas de femelles élues, debout dans leurs chemises ..." A cette époque, la citation pouvait évoquer Kitty O'Shea, maîtresse du leader nationaliste Charles Stewart Parnell ...
Le critique George Watson est probablement plus proche de la vérité quand il expose que le problème réellement soulevé par la pièce de Synge réside dans "cet entêtant mélange d'images stéréotypées anglaises sur la violence irlandaise, engendrant la rancoeur bien normale des Irlandais, d'autant que Synge met l'accent sur cette violence, pour lui synonyme de vitalité. Voilà, bien plus que le mot "chemise", ce qui rend si explosif "Le Baladin du Monde Occidental."La représentation de la pièce engendra même des émeutes qui contraignirent les acteurs à jouer le troisième acte comme s'il s'agissait d'une pantomime.
A cette nouvelle, Yeat, qui se trouvait alors en Ecosse, revint précipitamment et tenta de s'adresser aux émeutiers lors de la deuxième nuit de troubles. La situation ne se calmant pas, il décida de faire intervenir la police. L'opinion de la presse se retourna bientôt contre les fauteurs de trouble et les scènes de protestation tournèrent court. En 1926, Yeats devait rappeler cette époque dans le discours qu'il tint à l'Abbey Theatre à l'occasion de la quatrième représentation de "The Plough and the Stars / La Charrue & les Etoiles" de Sean O'Caseay, elle aussi largement chahutée par les nationalistes : "Une fois de plus, vous venez de vous déconsidérer. Est-ce ainsi que l'on accueillera toujours l'entrée en scène du Génie irlandais ? D'abord Synge et maintenant O'Casey ?"
Bien que, nous l'avons vu plus haut, il ait commencé à écrire "The Tinker's Wedding" à la même époque que "Riders to the Sea" et "In The Shadow of the Glen", Synge mit cinq ans à l'achever. "Cavaliers vers la Mer", après sa première représentation à Galway, en 1907, ne fut plus donné qu'en 1909, et seulement à Londres. Le premier critique qui se prononça à son sujet fut l'homme politique et écrivain Daniel Corkery et son avis fut loin d'être aimable : "L'un s'afflige en songeant que Synge ait jamais pu écrire une si pauvre petite chose tandis que l'autre ne parvient pas à comprendre comment cette pièce a pu trouver un théâtre qui accepte de la représenter." Le discours ne devait guère changer dans les années qui suivirent.
La même année, Synge se fiançait avec l'actrice Maire O'Neill, mieux connue sous le nom de Molly Allgood.
John Millington Synge devait s'éteindre à Dublin, le 24 mars 1909. Le 8 avril, "Cuala Press" publiait ses "Poems and Translations" avec une préface de Yeats. Celui-ci et Molly Allgood achevèrent de concert la pièce sur laquelle travaillait Synge avant sa mort, "Deirdre of the Sorrows / Deirdre des Chagrins", et celle-ci fut donnée à l'Abbey Theatre en janvier 1910, avec Allgood dans le rôle-titre.
Arthur Griffith, qui estimait le théâtre de son pays comme insuffisamment engagé sur le plan politique, décrivit "Le Baladin ..." comme "une histoire ignoble et indigne de l'humanité, racontée dans le langage le plus ordurier que l'on ait jamais ouï sur une scène publique", soulignant comme un affront évident lancé à la face de toutes les Irlandaises le passage : " ... un tas de femelles élues, debout dans leurs chemises ..." A cette époque, la citation pouvait évoquer Kitty O'Shea, maîtresse du leader nationaliste Charles Stewart Parnell ...
Le critique George Watson est probablement plus proche de la vérité quand il expose que le problème réellement soulevé par la pièce de Synge réside dans "cet entêtant mélange d'images stéréotypées anglaises sur la violence irlandaise, engendrant la rancoeur bien normale des Irlandais, d'autant que Synge met l'accent sur cette violence, pour lui synonyme de vitalité. Voilà, bien plus que le mot "chemise", ce qui rend si explosif "Le Baladin du Monde Occidental."La représentation de la pièce engendra même des émeutes qui contraignirent les acteurs à jouer le troisième acte comme s'il s'agissait d'une pantomime.
A cette nouvelle, Yeat, qui se trouvait alors en Ecosse, revint précipitamment et tenta de s'adresser aux émeutiers lors de la deuxième nuit de troubles. La situation ne se calmant pas, il décida de faire intervenir la police. L'opinion de la presse se retourna bientôt contre les fauteurs de trouble et les scènes de protestation tournèrent court. En 1926, Yeats devait rappeler cette époque dans le discours qu'il tint à l'Abbey Theatre à l'occasion de la quatrième représentation de "The Plough and the Stars / La Charrue & les Etoiles" de Sean O'Caseay, elle aussi largement chahutée par les nationalistes : "Une fois de plus, vous venez de vous déconsidérer. Est-ce ainsi que l'on accueillera toujours l'entrée en scène du Génie irlandais ? D'abord Synge et maintenant O'Casey ?"
Bien que, nous l'avons vu plus haut, il ait commencé à écrire "The Tinker's Wedding" à la même époque que "Riders to the Sea" et "In The Shadow of the Glen", Synge mit cinq ans à l'achever. "Cavaliers vers la Mer", après sa première représentation à Galway, en 1907, ne fut plus donné qu'en 1909, et seulement à Londres. Le premier critique qui se prononça à son sujet fut l'homme politique et écrivain Daniel Corkery et son avis fut loin d'être aimable : "L'un s'afflige en songeant que Synge ait jamais pu écrire une si pauvre petite chose tandis que l'autre ne parvient pas à comprendre comment cette pièce a pu trouver un théâtre qui accepte de la représenter." Le discours ne devait guère changer dans les années qui suivirent.
La même année, Synge se fiançait avec l'actrice Maire O'Neill, mieux connue sous le nom de Molly Allgood.
John Millington Synge devait s'éteindre à Dublin, le 24 mars 1909. Le 8 avril, "Cuala Press" publiait ses "Poems and Translations" avec une préface de Yeats. Celui-ci et Molly Allgood achevèrent de concert la pièce sur laquelle travaillait Synge avant sa mort, "Deirdre of the Sorrows / Deirdre des Chagrins", et celle-ci fut donnée à l'Abbey Theatre en janvier 1910, avec Allgood dans le rôle-titre.
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