Ses diplômes en poche, Synge envisage de se faire musicien professionnel et se rend en Allemagne pour s'y perfectionner. Il arrive à Coblence en 1893 mais, en janvier de l'année suivante, emménage à Würzbourg. Mi
par timidité - il faut, pour se produire en public, une assurance qu'il
ne possède pas - mi par manque de confiance personnelle en son talent,
il finit par renoncer à la musique et revient à la littérature. Il revient aussi en Irlande en juin 1894. En janvier de l'année suivante, il part pour Paris et s'inscrit à la la Sorbonne afin d'y plancher sur les langues et la littérature.
Pendant les vacances d'été, il regagne le giron familial, à Dublin. C'est là qu'il rencontre Cherrie Matheson, l'amie de l'un de ses cousins, dont il tombe amoureux. Il la demande une première fois en mariage, puis une deuxième en 1896 mais la jeune fille hésite en raison de leurs différences de vue sur la question religieuse. Ces échecs successifs affectent Synge plus qu'on ne pourrait le croire et le confortent dans sa détermination à passer un maximum de temps aussi loin que possible de l'Irlande et des Irlandais.
En 1896, nous le retrouvons en Italie où il étudie la langue de Dante. Puis il revient à Paris. Un peu plus tard cette année-là, il fait la connaissance de Yeats qui l'encourage à vivre un temps dans les Iles d'Aran avant de regagner Dublin pour s'y consacrer à l'écriture. Synge se lie aussi avec Augusta, lady Gregory, une passionnée de théâtre qui écrit des pièces, et avec le poète et artiste peintre George William Russell. Avec Yeats, tous quatre créeront l"'Irish National Theatre Society".
Il écrit aussi une quantité de critiques littéraires pour l'"Irlande Libre" de Gonne et d'autres journaux. En parallèle, il compose des poèmes et des textes en prose qu'il ne publie pas mais qui sont tous dans le style "décadent fin de siècle". Ces textes seront rassemblés dans les années 1960 et publiés dans ses "Oeuvres Complètes." Enfin, Synge assiste à des lectures faites en Sorbonne par Henri d'Arbois de Jubainville, historien français et philologue de grand renom, spécialiste de l'univers celtique.
Pendant les vacances d'été, il regagne le giron familial, à Dublin. C'est là qu'il rencontre Cherrie Matheson, l'amie de l'un de ses cousins, dont il tombe amoureux. Il la demande une première fois en mariage, puis une deuxième en 1896 mais la jeune fille hésite en raison de leurs différences de vue sur la question religieuse. Ces échecs successifs affectent Synge plus qu'on ne pourrait le croire et le confortent dans sa détermination à passer un maximum de temps aussi loin que possible de l'Irlande et des Irlandais.
En 1896, nous le retrouvons en Italie où il étudie la langue de Dante. Puis il revient à Paris. Un peu plus tard cette année-là, il fait la connaissance de Yeats qui l'encourage à vivre un temps dans les Iles d'Aran avant de regagner Dublin pour s'y consacrer à l'écriture. Synge se lie aussi avec Augusta, lady Gregory, une passionnée de théâtre qui écrit des pièces, et avec le poète et artiste peintre George William Russell. Avec Yeats, tous quatre créeront l"'Irish National Theatre Society".
Il écrit aussi une quantité de critiques littéraires pour l'"Irlande Libre" de Gonne et d'autres journaux. En parallèle, il compose des poèmes et des textes en prose qu'il ne publie pas mais qui sont tous dans le style "décadent fin de siècle". Ces textes seront rassemblés dans les années 1960 et publiés dans ses "Oeuvres Complètes." Enfin, Synge assiste à des lectures faites en Sorbonne par Henri d'Arbois de Jubainville, historien français et philologue de grand renom, spécialiste de l'univers celtique.
En 1897, Synge subit sa première attaque de la part de la maladie d'Hodgkin dont il est atteint. Un ganglion hypertrophié se manifeste sur son cou. L'année suivante, il passe l'été aux Iles d'Aran et ces vacances deviendront un rituel pour les quatre années suivantes. Pour se délasser, il rassemble les histoires et les légendes du cru et perfectionne ses connaissances en gaélique. Le reste de l'année, il vit à Paris et, de temps en temps, il vient en Bretagne.
Durant cette période, il écrit sa première pièce, "When the Moon has set", qu'il envoie à lady Gregory pour l'"Irish Literary Theatre." Mais elle la refuse et la pièce ne sera pas publiée avant les années 1960.
Plus chanceux, ses récits sur la vie dans les îles paraissent dans la "New Ireland Review" dès 1898 et son journal "The Aran Islands", qu'il achève en 1901, sort en 1907 avec des illustrations de Jack Butler Yeats, le frère du poète. Pour Synge, il s'agit là de "sa première pièce sérieuse." Quand il la soumet à lady Gregory, celle-ci demande à l'Irlandais de changer les noms des lieux et d'ajouter un peu plus d'histoires folkloriques mais Synge refuse car il veut créer quelque chose de plus réaliste.
Ce livre au rythme lent est une réflexion sur la vie des îliens et reflète la certitude de l'auteur dans le fait que, sous le catholicisme des autochtones, il reste possible de détecter les racines des croyances païennes bien plus anciennes de leurs ancêtres. L'expérience de Synge dans les Iles d'Aran servira d'ailleurs de base à beaucoup de ses pièces futures sur la paysannerie irlandaise et la vie dans les communautés de pêcheurs.
En 1903, l'Irlandais a abandonné Paris pour s'installer à Londres. Il a écrit deux pièces en un acte, "Riders to the Sea / Cavaliers vers la Mer" et "The Shadow of the Glen / L'Ombre de la Vallée", qui, pour leur part, reçoivent l'approbation de lady Gregory. La seconde est représentée à Molesworth Hall en octobre de la même année. "Riders to the sea" devra attendre le mois de février 1904. Les deux pièces ont pour thème des histoires recueillies par leur auteur sur les Iles d'Aran et Synge compte beaucoup sur les accessoires qu'il a ramenés des îles pour rendre le spectacle encore plus convaincant. Dans la pièce, il utilise aussi, semble-t-il, une sorte de dialecte mêlant l'anglais et l'irlandais mais pas le gaélique, une langue à la survie de laquelle il ne croit pas.
"L'Ombre de la Vallée" a pour thème l'infidélité d'une femme et est violemment attaqué par le leader nationaliste irlandais Arthur Griffith qui y voit "une insulte pour toutes les femmes irlandaises." Des années plus tard, Synge écrira : "Quand je travaillais sur "L'Ombre de la Vallée", il y a de cela pas mal de temps, je fus aidé non par la lecture ou l'étude mais par une fente dans le plancher de la vieille maison de Wicklow où je demeurais et qui me permettait d'entendre tout ce qui se disait parmi les domestiques, dans la cuisine." Cet aveu encouragera encore plus les critiques qui prétendront alors que Synge décrit les femmes irlandaises de manière tout à fait déloyale.
"Riders to the Sea" subit aussi les attaques des nationalistes, en la personne de Patrick Pearse, lequel blâma sévèrement l'attitude de l'auteur envers Dieu et la religion. En outre, le public lui-même se rend compte que Synge dessert la cause nationaliste en refusant d'idéaliser ses personnages. (Assez curieusement, on verra plus tard certains critiques affirmer qu'au contraire, c'est en idéalisant beaucoup trop la paysannerie irlandaise que Synge desservit la cause des nationalistes.)
Quoi qu'il en soit, ses pièces font de nos jours partie du répertoire théâtral de langue anglaise. Il faut y ajouter une troisième pièce en un acte, "The Tinker's Wedding / Les Noces du Vendeur Ambulant", qu'il écrivit également dans la première décennie du XXème siècle mais qu'il eut des scrupules à faire représenter, se doutant qu'on ne manquerait pas de s'indigner devant une scène où l'on voit un prêtre enfermé dans un sac.
Lorsque l'Abbey Theatre fut solidement installé, Synge y devint conseiller littéraire, puis directeur, poste qu'il partagea avec Yeats et lady Gregory. Pourtant, sa conception du théâtre irlandais différait beaucoup de la leur. Il écrivit en effet à son ami Sthepen McKenna : "Je ne crois pas à la possibilité d'un théâtre irlandais et fils de Cuchulainn (célèbre héros mythique irlandais), un théâtre national, voué au fantastique, tournant le dos au modernisme, idéal, convivial, primesautier ... Aucune pièce ne peut se révéler en dehors des réalités fondamentales de la vie, lesquelles ne sont jamais fantastiques, pas plus modernes que modernes et, telles que je les vois, rarement primesautières, conviviales et n'ont certainement aucun rapport avec Cuchulainn."
Sa nouvelle pièce, "The Well of the Saints / Le Puits des Saints", est représentée en 1905, en dépit de l'opposition des nationalistes, et, l'année suivante, une fois au "Deutsches Theater" de Berlin. Le critique Joseph Holloway déclarera à ce sujet que la pièce combine à la fois "le lyrisme et la boue."
Durant cette période, il écrit sa première pièce, "When the Moon has set", qu'il envoie à lady Gregory pour l'"Irish Literary Theatre." Mais elle la refuse et la pièce ne sera pas publiée avant les années 1960.
Plus chanceux, ses récits sur la vie dans les îles paraissent dans la "New Ireland Review" dès 1898 et son journal "The Aran Islands", qu'il achève en 1901, sort en 1907 avec des illustrations de Jack Butler Yeats, le frère du poète. Pour Synge, il s'agit là de "sa première pièce sérieuse." Quand il la soumet à lady Gregory, celle-ci demande à l'Irlandais de changer les noms des lieux et d'ajouter un peu plus d'histoires folkloriques mais Synge refuse car il veut créer quelque chose de plus réaliste.
Ce livre au rythme lent est une réflexion sur la vie des îliens et reflète la certitude de l'auteur dans le fait que, sous le catholicisme des autochtones, il reste possible de détecter les racines des croyances païennes bien plus anciennes de leurs ancêtres. L'expérience de Synge dans les Iles d'Aran servira d'ailleurs de base à beaucoup de ses pièces futures sur la paysannerie irlandaise et la vie dans les communautés de pêcheurs.
En 1903, l'Irlandais a abandonné Paris pour s'installer à Londres. Il a écrit deux pièces en un acte, "Riders to the Sea / Cavaliers vers la Mer" et "The Shadow of the Glen / L'Ombre de la Vallée", qui, pour leur part, reçoivent l'approbation de lady Gregory. La seconde est représentée à Molesworth Hall en octobre de la même année. "Riders to the sea" devra attendre le mois de février 1904. Les deux pièces ont pour thème des histoires recueillies par leur auteur sur les Iles d'Aran et Synge compte beaucoup sur les accessoires qu'il a ramenés des îles pour rendre le spectacle encore plus convaincant. Dans la pièce, il utilise aussi, semble-t-il, une sorte de dialecte mêlant l'anglais et l'irlandais mais pas le gaélique, une langue à la survie de laquelle il ne croit pas.
"L'Ombre de la Vallée" a pour thème l'infidélité d'une femme et est violemment attaqué par le leader nationaliste irlandais Arthur Griffith qui y voit "une insulte pour toutes les femmes irlandaises." Des années plus tard, Synge écrira : "Quand je travaillais sur "L'Ombre de la Vallée", il y a de cela pas mal de temps, je fus aidé non par la lecture ou l'étude mais par une fente dans le plancher de la vieille maison de Wicklow où je demeurais et qui me permettait d'entendre tout ce qui se disait parmi les domestiques, dans la cuisine." Cet aveu encouragera encore plus les critiques qui prétendront alors que Synge décrit les femmes irlandaises de manière tout à fait déloyale.
"Riders to the Sea" subit aussi les attaques des nationalistes, en la personne de Patrick Pearse, lequel blâma sévèrement l'attitude de l'auteur envers Dieu et la religion. En outre, le public lui-même se rend compte que Synge dessert la cause nationaliste en refusant d'idéaliser ses personnages. (Assez curieusement, on verra plus tard certains critiques affirmer qu'au contraire, c'est en idéalisant beaucoup trop la paysannerie irlandaise que Synge desservit la cause des nationalistes.)
Quoi qu'il en soit, ses pièces font de nos jours partie du répertoire théâtral de langue anglaise. Il faut y ajouter une troisième pièce en un acte, "The Tinker's Wedding / Les Noces du Vendeur Ambulant", qu'il écrivit également dans la première décennie du XXème siècle mais qu'il eut des scrupules à faire représenter, se doutant qu'on ne manquerait pas de s'indigner devant une scène où l'on voit un prêtre enfermé dans un sac.
Lorsque l'Abbey Theatre fut solidement installé, Synge y devint conseiller littéraire, puis directeur, poste qu'il partagea avec Yeats et lady Gregory. Pourtant, sa conception du théâtre irlandais différait beaucoup de la leur. Il écrivit en effet à son ami Sthepen McKenna : "Je ne crois pas à la possibilité d'un théâtre irlandais et fils de Cuchulainn (célèbre héros mythique irlandais), un théâtre national, voué au fantastique, tournant le dos au modernisme, idéal, convivial, primesautier ... Aucune pièce ne peut se révéler en dehors des réalités fondamentales de la vie, lesquelles ne sont jamais fantastiques, pas plus modernes que modernes et, telles que je les vois, rarement primesautières, conviviales et n'ont certainement aucun rapport avec Cuchulainn."
Sa nouvelle pièce, "The Well of the Saints / Le Puits des Saints", est représentée en 1905, en dépit de l'opposition des nationalistes, et, l'année suivante, une fois au "Deutsches Theater" de Berlin. Le critique Joseph Holloway déclarera à ce sujet que la pièce combine à la fois "le lyrisme et la boue."
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