samedi 27 septembre 2014

Frances Burney (III)

Roman épistolaire, "Evelina" brosse le portrait de la bonne société anglaise, vue par une jeune fille de dix-sept ans ayant atteint l'âge de se marier. Roman comique, c'est aussi la satire d'une société essentiellement dominée par les hommes et qui pèse de tout son poids sur la vie d'une jeune fille du XVIIIème siècle. L'hypocrisie sociale n'y est pas épargnée.

En choisissant le mode épistolaire pour raconter son histoire, Burney met à profit sa longue expérience du procédé, donnant ainsi au lecteur un accès direct aux événements comme aux caractères. Elle souligne les difficultés rencontrées par les femmes de son siècle, tout spécialement quand il est pour elles question de romance amoureuse et de mariage. Quant à l'héroïne, ce qui sera très prisé, elle n'est plus fragile et douce mais devient une femme au caractère fort, bien décidée à faire son chemin dans un monde hostile.

Preuve de sa popularité, "Evelina", qui influencera
Jane Austen, connaîtra quatre éditions. De nos jours, on le considère toujours comme un classique de la littérature britannique et même mondiale.

 Un an après, encouragée par la chaude réception réservée par le public et la critique à son "Evelina", Frances Burney commence un tragi-comédie intitulée "The Witlings". Il s'agit d'une satire d'une bonne partie de la société londonienne, notamment du milieu littéraire et de ses prétentions. Mais la pièce ne paraît pas car le père de Frances et Samuel Crisp lui-même la jugent peu aimable, voire offensante envers le public et plus encore envers les intellectuels. Il faudra attendre 1945 pour qu'elle soit montée à Londres.

Après cela, Frances Burney semble s'être surtout consacrée à son "Journal." Toutefois, en 1782, elle donne un nouveau roman, "Cecilia or Memoirs of an Heiress / Cecilia ou les Mémoires d'une Héritière". Cette fois-ci, ses nouveaux éditeurs, Payne & Cadell, lui offrent 250 livres pour une première impression de 2 000 exemplaires. Avant la fin de l'année, "Cecilia" aura connu deux rééditions.

Cecilia Beverley hérite de son oncle à la condition expresse qu'elle se trouve un mari qui acceptera de porter son nom. Compte tenu des impératifs sociaux du milieu qui est le sien, la chose se révèle pratiquement impossible et, en définitive, la jeune fille abandonne ses espoirs d'héritage pour un mariage d'amour. Moins spontané que "Evelina", "Cecilia" fait pourtant montre d'un sens très ironique de la narration. On notera que le titre anglais d'"Orgueil et Préjugés", "Pride & Prejudice", reprend une phrase de "Cecilia."

 En 1790/1791, Burney donne quatre tragédies en vers blancs : "Hubert de Vere - The Siege of Pevensey - Elberta and Edwy - Elgiva." La dernière seule sera jouée mais connaîtra un échec.
De l'autre côté du "British Channel", la Révolution française vient d'éclater, provoquant l'enthousiasme de nombre de figures littéraires et artistiques anglaises. Frances va se lier à un groupe d'exilés royalistes français, nommés "The Constitutionalists / Les Constitutionnalistes", établis à Juniper Hall, près de Mickleham, où réside sa soeur, Susannah. Peu à peu, elle devient proche du général Alexandre d'Arblay, un officier d'artillerie qui a servi sous La Fayette et qui se veut un républicain modéré. Il lui apprend le français et la présente à Mme de Staël.
Bien que sa fille soit désormais très proche de la quarantaine, Charles Burney désapprouve ce mariage. D'Arblay est pauvre, catholique, émigré : tous les défauts ! Cela n'empêche pas le couple de s'unir, le 28 juillet 1793. La même année, Frances donnera un pamphlet intitulé "Brief Reflections / Brèves Réflexions", centré sur le clergé français émigré et favorable à la cause révolutionnaire. Enfin, en 1794, elle donne naissance à un fils, Alexander.

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