samedi 13 septembre 2014

Antoine Prévost "d''Exiles", dit l'Abbé Prévost (II)

Passé de Londres à Amsterdam, Prévost, habité par la rage d'écrire, entame son "Philosophe anglais ou Histoire de Mr Cleveland, fils naturel de Cromwell, écrite par lui-même et traduite de l'anglais par l'auteur des Mémoires et aventures ... etc ..." Les quatre premiers tomes seront édités à Utrecht entre 1731 et 1732.

Vers la même époque, il décide d'ajouter à son nom celui "d'Exiles", ce qui a le mérite de lui donner une modeste particule et de faire en même temps référence à sa manie - un peu forcée par ses aventures galantes, entre autres - de la bougeotte.

Puis, cet infatigable écrivant s'attaque à la traduction de "Mei Temporis Historia" du président de Thou. Suivent dans la foulée la suite des fameux "Mémoires et Aventures d'un homme de qualité ..." et surtout "Manon Lescaut", qui fait scandale et que le Parlement de Paris condamne ni plus ni moins au bûcher.

Nous sommes alors en 1733 et la situation financière de Prévost n'est vraiment pas brillante. Il regagne l'Angleterre où il trouve des appuis pour publier "Le Pour et le Contre", journal que l'on peut qualifier avant la lettre de magazine littéraire puisque son but premier est de mettre en valeur la littérature anglaise. Le succès sera d'ailleurs tel que l'abbé français continuera à l'alimenter et à le publier jusqu'au début des années 1740.

D'autant plus brouillé avec les Jésuites que son éditeur hollandais a cru bon d'adjoindre à ses tomes du "Philosophe anglais ..." un volume tout à fait apocryphe qui contenait de vraies horreurs sur la compagnie dite de Jésus et désireux, avec l'âge, de se trouver un protecteur solide, Prévost lance un appel vibrant aux bénédictins et leur demande de le réintégrer en leur sein. Il supplie aussi le Pape de bien vouloir lui pardonner ses erreurs. Pas si méchants que ça, les moines acceptent, sous réserve que l'enfant terrible se soumette à un nouveau noviciat - mais un peu plus bref que les précédents. Le Pape lui-même se laisse fléchir.

Prévost, on le remarquera, jouit tout de même d'une chance certaine. Celle-ci se manifeste encore en le faisant remarquer par le prince de Conti dont, en 1736 - c'est-à-dire à peu près deux ans après son retour dans le giron de l'Eglise - il est nommé aumônier.


Dès lors, l'abbé vagabond se stabilise définitivement. Dans l'hôtel de Conti, rue Guénégaud, à Paris, puis à Saint-Firmin, dans l'Oise et toujours aux ordres du prince de Conti, il se plonge dans les livres et les manuscrits et il n'en sortira pratiquement plus jusqu'à sa mort, en 1763, d'une crise d'apoplexie, alors qu'il rendait visite aux bénédictins de Courteuil, près de Chantilly.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire