A cette époque, Gide s'attaque à son essai probablement le plus célèbre, "Corydon", dont le thème central est l'homosexualité. Le texte entend combattre les préjugés habituels contre l'homosexualité, que
Gide nomme également "pédérastie", au sens d'"amour entre garçons" et
non dans son acception première, la relation affective et sexuelle entre
un homme d'âge mûr et un adolescent - pratique qui avait cours dans la
Grèce ancienne.
C'est pour avoir eu vent d'un procès où l'on voit l'accusé condamné non en fonction des charges qui pèsent contre lui mais bel et bien parce qu'on lui reproche d'être homosexuel - le procès Renard - que Gide prend la décision de s'exprimer officiellement sur le sujet. Mais, devant la réaction épouvantée de ses proches, il ne fait tout d'abord imprimer, et encore anonymement, que les deux premiers chapitres de son ouvrage. Cette première "édition" date de 1910 et l'oeuvre intégrale ne sortira qu'en 1924, cette fois sous le nom de l'écrivain.
Entretemps, en 1912, Gide aura eu le temps de refuser le manuscrit de "Du Côté de Chez Swann" d'un certain Marcel Proust. Il s'en excusera plus tard auprès du principal intéressé et l'anecdote prouve amplement qu'en littérature, nul n'est infaillible. Gide devient aussi l'ami de Roger Martin du Gard - plus tard dédicataire des "Faux-Monnayeurs" - et le restera jusqu'à ses derniers jours.
En 1914, paraît "Les Caves du Vatican" et c'est un nouvel échec pour son auteur. Claudel est particulièrement furieux et rompt avec fracas. Lorsqu'éclate la Grande guerre, Gide a un premier élan nationaliste, bien compréhensible, puis se met à méditer sur la complémentarité entre l'Allemagne et la France.
Deux ans après, il est une nouvelle fois tenté de se convertir au catholicisme et cela donne "Numquid et tu". Puis, ayant choisi de demeurer protestant, il s'attaque à "Si le Grain Ne Meurt." 1917 revêt une tonalité plus gaie avec la liaison avec Marc Allégret, l'un des fils de l'ancien précepteur de Gide. Cette fois-ci, il semble bien que l'écrivain soit réellement amoureux et que le coeur et le corps vibrent à l'unisson. Madeleine Gide ayant eu la preuve de la relation des deux hommes, elle s'éloigne définitivement de son époux et se replie chez elle, à Cuverville. Gide, toujours aussi égocentrique, affirme "souffrir comme si elle avait tué notre enfant" (!!!) mais en profite pour sortir "Corydon" et ses fameux "Mémoires."
C'est pour avoir eu vent d'un procès où l'on voit l'accusé condamné non en fonction des charges qui pèsent contre lui mais bel et bien parce qu'on lui reproche d'être homosexuel - le procès Renard - que Gide prend la décision de s'exprimer officiellement sur le sujet. Mais, devant la réaction épouvantée de ses proches, il ne fait tout d'abord imprimer, et encore anonymement, que les deux premiers chapitres de son ouvrage. Cette première "édition" date de 1910 et l'oeuvre intégrale ne sortira qu'en 1924, cette fois sous le nom de l'écrivain.
Entretemps, en 1912, Gide aura eu le temps de refuser le manuscrit de "Du Côté de Chez Swann" d'un certain Marcel Proust. Il s'en excusera plus tard auprès du principal intéressé et l'anecdote prouve amplement qu'en littérature, nul n'est infaillible. Gide devient aussi l'ami de Roger Martin du Gard - plus tard dédicataire des "Faux-Monnayeurs" - et le restera jusqu'à ses derniers jours.
En 1914, paraît "Les Caves du Vatican" et c'est un nouvel échec pour son auteur. Claudel est particulièrement furieux et rompt avec fracas. Lorsqu'éclate la Grande guerre, Gide a un premier élan nationaliste, bien compréhensible, puis se met à méditer sur la complémentarité entre l'Allemagne et la France.
Deux ans après, il est une nouvelle fois tenté de se convertir au catholicisme et cela donne "Numquid et tu". Puis, ayant choisi de demeurer protestant, il s'attaque à "Si le Grain Ne Meurt." 1917 revêt une tonalité plus gaie avec la liaison avec Marc Allégret, l'un des fils de l'ancien précepteur de Gide. Cette fois-ci, il semble bien que l'écrivain soit réellement amoureux et que le coeur et le corps vibrent à l'unisson. Madeleine Gide ayant eu la preuve de la relation des deux hommes, elle s'éloigne définitivement de son époux et se replie chez elle, à Cuverville. Gide, toujours aussi égocentrique, affirme "souffrir comme si elle avait tué notre enfant" (!!!) mais en profite pour sortir "Corydon" et ses fameux "Mémoires."
Durant les années vingt, la réputation d'André Gide ne cesse de croître. Lui-même a l'impression paradoxale d'être célèbre sans avoir été ni lu, ni compris. Son influence sur la jeunesse lui vaut les virulentes attaques de la droite catholique qui lui reproche pêle-mêle ses valeurs, son intellectualisme, la mainmise de la NRF
sur la littérature française et jusqu'à son style. Comme s'il voulait
donner à ses ennemis de nouveaux bâtons pour le battre, Gide se précipite alors au martyr en publiant "Corydon" mais le véritable scandale arrive avec "Si Le Grain Ne Meurt" en 1926.
Entretemps, Gide est devenu père. Il a en effet trouvé le moyen d'avoir une fille d'Elisabeth van Rysselberghe, la fille de ses amis. Prénommée Catherine, cette enfant pour le moins inattendue est soigneusement dissimulée à la malheureuse Madeleine qui continue à s'étioler lentement en Normandie. Est-ce pour calmer une mauvaise conscience certaine que, dans sa nouvelle demeure de la rue Vaneau, à Paris, où il accueille aussi bien Elisabeth et leur fille que le jeune Allégret, Gide réserve une chambre tout entière à son épouse légitime, qui n'en franchira évidemment jamais le seuil ?
1925 voit une autre naissance, celle-là littéraire : celle des "Faux-Monnayeurs", la seule de ses oeuvres que Gide considèrera toujours comme un roman. Mais l'auteur redoute d'être daté et n'a pas le moral. Il décide d'aller visiter le Congo, avec Marc Allégret. Le voyage durera près d'un an.
Dans les touffeurs de la brousse, Gide, qui n'en est pas à paradoxe près, retrouve entrain et santé. Seulement, comme tous ceux l'ayant précédé sur le terrain, il constate les pratiques condamnables des compagnies qui ont investi cette région de l'Afrique, le recrutement souvent forcé du personnel indigène, à la limite même de l'esclavage pur et simple, les mauvais traitements, les abus de toutes sortes ...
S'il ne remettra jamais en cause le principe colonial, l'écrivain s'indigne des excès qui en découlent. Il ne tarde pas à comprendre que, que ce soit à Paris ou ailleurs, les dirigeants sont parfaitement au courant de la chose mais laissent faire ou détournent le regard. Il décide alors de remettre son témoignage, "Voyage au Congo", à Léon Blum, qui le publie dans Le Populaire. La droite trépigne et pense avoir une attaque, quelques promesses d'amélioration sont faites par les politiciens les plus rusés ou les plus conciliants mais ils auraient bien tort de s'inquiéter : Gide ne s'engage pas plus.
Entretemps, Gide est devenu père. Il a en effet trouvé le moyen d'avoir une fille d'Elisabeth van Rysselberghe, la fille de ses amis. Prénommée Catherine, cette enfant pour le moins inattendue est soigneusement dissimulée à la malheureuse Madeleine qui continue à s'étioler lentement en Normandie. Est-ce pour calmer une mauvaise conscience certaine que, dans sa nouvelle demeure de la rue Vaneau, à Paris, où il accueille aussi bien Elisabeth et leur fille que le jeune Allégret, Gide réserve une chambre tout entière à son épouse légitime, qui n'en franchira évidemment jamais le seuil ?
1925 voit une autre naissance, celle-là littéraire : celle des "Faux-Monnayeurs", la seule de ses oeuvres que Gide considèrera toujours comme un roman. Mais l'auteur redoute d'être daté et n'a pas le moral. Il décide d'aller visiter le Congo, avec Marc Allégret. Le voyage durera près d'un an.
Dans les touffeurs de la brousse, Gide, qui n'en est pas à paradoxe près, retrouve entrain et santé. Seulement, comme tous ceux l'ayant précédé sur le terrain, il constate les pratiques condamnables des compagnies qui ont investi cette région de l'Afrique, le recrutement souvent forcé du personnel indigène, à la limite même de l'esclavage pur et simple, les mauvais traitements, les abus de toutes sortes ...
S'il ne remettra jamais en cause le principe colonial, l'écrivain s'indigne des excès qui en découlent. Il ne tarde pas à comprendre que, que ce soit à Paris ou ailleurs, les dirigeants sont parfaitement au courant de la chose mais laissent faire ou détournent le regard. Il décide alors de remettre son témoignage, "Voyage au Congo", à Léon Blum, qui le publie dans Le Populaire. La droite trépigne et pense avoir une attaque, quelques promesses d'amélioration sont faites par les politiciens les plus rusés ou les plus conciliants mais ils auraient bien tort de s'inquiéter : Gide ne s'engage pas plus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire