dimanche 14 septembre 2014

André Gide (IV)

Hiver 1898 : Gide s'intéresse à l'Affaire Dreyfus et signe la pétition de soutien à Emile Zola. Il ne rompt pas pour autant avec les anti-dreyfusards qui font partie de ses relations et s'essaie à les convaincre. Il passe six semaines à Rome, où il découvre Nietzsche en qui il voit l'homme qui lui a tracé la voie à suivre. Il travaille aussi à "Saül", qui se veut un contrepoint aux "Nourritures ..." et étudie les risques de dissolution de la personnalité.
Sa pièce achevée, l'écrivain s'évertue à la mettre lui-même en scène - ce qui explique pourquoi "Saül" ne sortira qu'en 1903. En parallèle de ces activités strictement créatrices, Gide écrit des billets pour L'Ermitage : article sur Nietzsche, éloge funèbre de Mallarmé, réponse à Barrès qui vient d'écrire ses "Déracinés", etc ... Dans La Revue Blanche, il publie "Philoctète", où il s'engage officiellement en faveur de Dreyfus. Peu après, il publie son "Prométhée mal enchaîné" que boude la critique et qui passe pratiquement inaperçu.
Au printemps 1899, Gide se lie avec les van Rysselberghe et, à son insu, Mme van Rysselberghe entreprend la rédaction des "Cahiers de la Petite Dame", lesquels fourniront aux biographes de Gide une mine de renseignements des plus précieux. Enfin, en 1902, Gide parvient à faire monter "Le Roi Caudaule" mais c'est un four qui le détourne du théâtre - et du grand public.

Mais 1902, c'est avant tout l'année de "L'Immoraliste", ouvrage qui obtient tout de même un peu de succès. La critique assimile tout de suite l'auteur au personnage de Michel et Gide, qui n'en peut mais, se sent de plus en plus incompris. Après ce livre, il connaît même un passage à vide qui va durer à peu près sept ans, jusqu'au succès relatif de "La Porte Etroite", en 1909, roman où, cette fois-ci, la critique va assimiler l'écrivain au personnage d'Alissa mais qui, surtout, lui rapporte enfin un peu d'argent.

Entre les deux romans, sortent "Prétextes" - un recueil de critiques qui date de 1903 - "Amyntas" en 1906, pour ainsi dire ignoré par la critique et "Le Retour de l'Enfant Prodigue" en 1907. N'oublions pas son hommage à Wilde, publié en 1902 afin de rendre hommage à la mémoire du grand poète mais aussi pour pulvériser les attaques auxquelles se livre désormais lord Alfred Douglas contre le disparu.

Ici et là, apparaissent de nouvelles amitiés : Jacques Copeau, Jean Schlumberger, Charles du Bos ... D'autres, au contraire, disparaissent, tel Francis Jammes, converti par Claudel à la cause du catholicisme. L'auteur de "Tête d'Or" tente même de convertir Gide mais celui-ci décline avec politesse, plus intéressé par les mécanismes de la foi que par la conversion.

En même temps qu'il publie "La Porte Etroite", Gide crée la Nouvelle Revue Française, mieux connue comme la NRF et promise à un brillant destin. Il en refuse néanmoins la direction, préférant à ce rôle administratif celui de chef de file du groupe littéraire qui gravite autour du nouveau périodique. Le groupe s'associe d'ailleurs avec Gaston Gallimard afin d'obtenir une maison d'édition qui puisse épauler la revue en publiant ses auteurs.

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