dimanche 14 septembre 2014

André Gide (II)

C'est lors d'un séjour à Rouen que se crée la relation profonde et singulière qui le liera à sa cousine, Madeleine Rondeaux, au point qu'il en fera sa femme. Celle-ci souffre énormément des relations adultères qu'elle a devinées chez sa mère. Le sens aigu du devoir que possède l'adolescente, son horreur du mal, tout ce qui, en fait, la différencie de lui-même, attirent fortement le jeune Gide qui, on peut le dire, commence à tomber amoureux d'elle. Mais cet amour, quoique passionné, est et restera purement intellectuel.

Ayant découvert le "Journal" d'Amiel grâce à l'un de ses professeurs particuliers, Gide décide de tenir lui aussi un journal intime. L'intercession de son cousin, Albert Démarest, auprès de Mme Gide, lui permet en outre d'obtenir le droit de fouiller comme il l'entend dans la bibliothèque laissée par son père.

Entre quatorze et dix-sept ans, l'adolescent traverse une période d'exaltation religieuse qu'il partage d'ailleurs avec Madeleine au travers de lettres et de lectures communes. A la même époque, il se lie d'amitié avec François de Witt-Guizot et le pasteur Elie Allégret - lequel sera aussi son précepteur durant tout un été.

Pour rattraper son retard scolaire, il entre à l'Institution Keller, une maison d'éducation protestante, rue de Chevreuse, à Paris. L'institution est alors dirigée par Jean-Jacques-Edouard Keller, fils de l'un des fondateurs, qui deviendra "Monsieur Jacob" dans "Si le grain ne meurt." Signalons toutefois que, en raison des différents problèmes "de santé" du jeune Gide, ses horaires étaient plutôt "à la carte" et prévoyaient peu de rencontres avec ses condisciples. Quoi qu'il en soit, il rattrape son retard en l'espace de dix-huit mois et, en 1887, réintègre l'Ecole alsacienne en classe de rhétorique.
Il sympathise avec Pierre Louÿs et tous deux se déclarent leur volonté de devenir écrivains. Gide découvre aussi Schopenhauer et, après son baccalauréat, obtenu en 1889, commence à fréquenter les milieux littéraires de la capitale.
La première production gidienne, "Les Cahiers d'André Walter", permet au tout jeune auteur de rencontrer Maurice Barrès et Mallarmé. A leur contact, son mysticisme religieux se transforme en mysticisme esthétique. Il se lie également avec Paul Valéry mais s'éloigne peu à peu de Louÿs qui l'accuse - un peu comme Madeleine, d'ailleurs, à la même époque - de se montrer trop égocentrique.

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