dimanche 14 septembre 2014

André Gide (I)

22 novembre 1869, Paris (France) : naissance de Paul Guillaume André Gide, dit André Gide, essayiste, dramaturge & romancier, Prix Nobel de Littérature 1947.

Fils d'un professeur de droit originaire d'Uzès, Paul Gide, et de la fille de bourgeois fortunés de Rouen, Juliette, née Rondeaux, tous deux de religion protestante, le futur écrivain passe son enfance entre Paris, la Normandie - à Rouen bien sûr mais aussi à La Rogue-Baignard, dans le Calvados - et le Languedoc-Roussillon - chez sa grand-mère paternelle, à Uzès, ville et région dont il aimera passionnément les paysages. Conscient des contrastes existant entre la froide et grise Normandie et les splendeurs ensoleillées du Roussillon, contrastes qui transparaissent dans leurs cultures respectives, Gide s'acharnera plus tard à exagérer l'influence sur sa personnalité de ce caractère contradictoire.

A Paris, le jeune garçon bénéficie de la présence à ses côtés d'Anna Schackleton. Cette Ecossaise très pieuse, qui a travaillé pour la famille Rondeaux, a sur l'enfant une influence douce et apaisante que l'adulte Gide n'oubliera jamais. Il évoquera Anna aussi bien dans "La Porte Etroite" que dans "Si Le Grain Ne Meurt" et sa mort, qui survient en 1884, alors que lui-même atteint ses quinze ans, le marquera en profondeur.

Chez lui - et très tôt - il entame l'étude du piano mais il ne se considérera jamais comme un véritable musicien. Côté scolarité, il a huit ans lorsqu'il intègre l'Ecole alsacienne. Renvoyé au bout de trois mois pour s'être laissé aller à ses "mauvaises habitudes" - en d'autres termes, à la masturbation - il est néanmoins réadmis après que le médecin familial ait eu l'idée détestable de le menacer de castration s'il persévérait. Mais c'est alors la maladie qui le force à interrompre sa scolarité. (Quant à la masturbation, il y reviendra tout naturellement mais ne la pratiquera plus qu'avec tristesse et culpabilité, en arrivant à estimer, à l'âge de vingt-trois ans, qu'il avait vécu jusque là "complètement vierge et dépravé." Quand on connaît l'intelligence du personnage, on ne peut être qu'épouvanté par les ravages accomplis sur sa sexualité par l'anathème jeté par sa famille - et surtout sa mère - et la Faculté sur une pratique fort courante et naturelle chez un garçon de cet âge mais qui, pour Gide, restera toujours "le vice" ...)

Gide a onze ans quand son père décède, le 28 octobre 1880. Un peu plus tôt, il a perdu un cousin, le petit Emile Widmer, et sombré dans une crise d'angoisse que la mort paternelle vient réveiller. C'est qu'il se retrouve désormais tout seul face à l'amour de sa mère, un amour dont on ne peut remettre en cause la sincérité mais qui se révèle terriblement étouffant.

En 1881, Mme Gide et son fils partent se reposer en Normandie où le jeune garçon traverse une nouvelle crise d'angoisse. Après quelques cours particuliers qui s'avèrent un échec, la mère se résout à placer son fils dans un lycée de Montpellier. Mais l'enfant, qui se sent différent des autres - comme il l'écrira - est persécuté par ses condisciples et ne supporte pas le choc. En 1882, il retrouve donc l'Ecole alsacienne mais y souffre de telles migraines que, une fois encore, il doit interrompre ses cours. En définitive, il poursuivra sa scolarité vaille que vaille, avec des précepteurs plus ou moins bien intentionnés.

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