Extraits
Personnages
Je n'avais jamais lu "Zazie ..." : que voulez-vous, nul n'est parfait.
Il faut dire que les louanges quasi unanimes qu'on en faisait m'inspiraient de la méfiance. Et puis, le nom de Queneau était pour moi avant tout synonyme de poésie : or, la poésie n'a jamais été ma tasse de thé même si je la sais incontournable dans l'Histoire de la Littérature. Sans compter qu'il y avait aussi cette histoire d'OuLiPo et tous ces jeux, ces défis que s'imposaient, pour écrire, des auteurs comme Georges
Pérec. Que j'eusse énormément apprécié - et admiré - "La Vie Mode
d'Emploi" ne changeait rien à l'équation : je trouvais plus ou moins
masochiste cette volonté de s'imposer des contraintes supplémentaires
d'écriture alors que la construction d'une intrigue et la cohérence des
personnages et de l'histoire où ils évoluent, constituent par eux-mêmes
des impératifs suffisamment difficiles à respecter.
Et le masochisme non plus, ce n'est pas ma tasse de thé.
Mais, tout récemment, un aimable vendeur de PM a eu l'idée de m'envoyer l'édition Folio de "Zazie ..." en prime des livres que je lui avais achetés. Dans de telles conditions, lire enfin le roman de Queneau me parut faire acte de courtoisie. Avec un mélange d'appréhension suspicieuse et de curiosité bien légitime, je pénétrai donc dans le premier chapitre de l'ouvrage, trébuchant illico sur le premier mot imaginé par Queneau : "Doukipudonktan", que précédait en exergue une citation d'Aristote.
Trébuchant - l'effet de surprise, comprenez-vous car ce n'est pas tous les jours qu'on croise Aristote en si étonnante compagnie
- mais me rattrapant vite fait à la solidité de Gabriel, l'oncle de Zazie
(lequel porte "Barbouze" de chez Fior) ainsi qu'à l'entêtement - pour
ainsi dire celtique - de la jeune héroïne au langage fortement
rabelaisien mais jamais vulgaire. (Comme disait Coluche, "Grossier, oui mais vulgaire, jamais." Il devait avoir lu "Zazie ...", lui aussi, je n'en serais pas étonnée...
)
Après ça, passé les présentations d'usage - Gabriel est très à cheval sur les bonnes manières des enfants - je ne me rappelle plus très bien mais une chose est sûre : jamais traversée (presque toujours pédestre) de Paris ne m'a autant captivée (sauf peut-être celle, toute cinématographique, de Gabin et Bourvil au temps de l'Occupation et sous la houlette de Claude Autan-Lara).
On regrette bien un peu qu'une grève impromptue du personnel de la RATP (no comment) ait privé Zazie de découvrir toutes les merveilles du Métropolitain (enfin, plus précisément, quand elle se retrouve enfin dans le Métro, elle dort et n'en voit donc pas un seul wagon) mais à côté de cela, elle rencontre - et nous rencontrons avec elle - tant de personnages hauts en couleur : Gabriel, tout d'abord, un bel homme et une nature sensible, qui fait un numéro de danseuse de flamenco tout en jurant ses grands dieux à sa nièce (et à tous ceux qui s'y intéressent) que non, il n'est pas homossessuel ; Marcelline, sa femme, qui parle toujours doucement et à qui revient le privilège d'amener la chute de fin ; Mado P'tits Pieds, une serveuse de bar très sentimentale ; Charles Turandot, son patron au langage fleuri et tout aussi sentimental ; l'ineffable agent de la paix Trouscaillon ; un car de touristes déchaînés parmi lesquels se distinguent des Japonais qui photographient tout ; la veuve Mouaque au tragique destin et enfin Jeanne Lalochère, la mère de Zazie et la soeur de Gabriel, qui entre et sort en coup de vent.
Le tout à un rythme endiablé, qui évoquera à certains les bandes surréalistes de l'entre-deux-guerres, dans une floraison permanente et complètement déjantée de mots, les bons, les mauvais, les approximatifs, et une reconstruction permanente de la langue française - qui est aussi un hommage jubilatoire à celle-ci.
A l'arrivée, me voilà devenue une inconditionnelle de Raymond Queneau. La preuve, je crois avoir quelque part dans ma bibliothèque "Le Dimanche de la Vie" : je vais de ce pas le chercher et, quand je l'aurai lu, je reviendrai vous en parler.
Personnages
Je n'avais jamais lu "Zazie ..." : que voulez-vous, nul n'est parfait.

Et le masochisme non plus, ce n'est pas ma tasse de thé.

Mais, tout récemment, un aimable vendeur de PM a eu l'idée de m'envoyer l'édition Folio de "Zazie ..." en prime des livres que je lui avais achetés. Dans de telles conditions, lire enfin le roman de Queneau me parut faire acte de courtoisie. Avec un mélange d'appréhension suspicieuse et de curiosité bien légitime, je pénétrai donc dans le premier chapitre de l'ouvrage, trébuchant illico sur le premier mot imaginé par Queneau : "Doukipudonktan", que précédait en exergue une citation d'Aristote.
Trébuchant - l'effet de surprise, comprenez-vous car ce n'est pas tous les jours qu'on croise Aristote en si étonnante compagnie


Après ça, passé les présentations d'usage - Gabriel est très à cheval sur les bonnes manières des enfants - je ne me rappelle plus très bien mais une chose est sûre : jamais traversée (presque toujours pédestre) de Paris ne m'a autant captivée (sauf peut-être celle, toute cinématographique, de Gabin et Bourvil au temps de l'Occupation et sous la houlette de Claude Autan-Lara).
On regrette bien un peu qu'une grève impromptue du personnel de la RATP (no comment) ait privé Zazie de découvrir toutes les merveilles du Métropolitain (enfin, plus précisément, quand elle se retrouve enfin dans le Métro, elle dort et n'en voit donc pas un seul wagon) mais à côté de cela, elle rencontre - et nous rencontrons avec elle - tant de personnages hauts en couleur : Gabriel, tout d'abord, un bel homme et une nature sensible, qui fait un numéro de danseuse de flamenco tout en jurant ses grands dieux à sa nièce (et à tous ceux qui s'y intéressent) que non, il n'est pas homossessuel ; Marcelline, sa femme, qui parle toujours doucement et à qui revient le privilège d'amener la chute de fin ; Mado P'tits Pieds, une serveuse de bar très sentimentale ; Charles Turandot, son patron au langage fleuri et tout aussi sentimental ; l'ineffable agent de la paix Trouscaillon ; un car de touristes déchaînés parmi lesquels se distinguent des Japonais qui photographient tout ; la veuve Mouaque au tragique destin et enfin Jeanne Lalochère, la mère de Zazie et la soeur de Gabriel, qui entre et sort en coup de vent.
Le tout à un rythme endiablé, qui évoquera à certains les bandes surréalistes de l'entre-deux-guerres, dans une floraison permanente et complètement déjantée de mots, les bons, les mauvais, les approximatifs, et une reconstruction permanente de la langue française - qui est aussi un hommage jubilatoire à celle-ci.
A l'arrivée, me voilà devenue une inconditionnelle de Raymond Queneau. La preuve, je crois avoir quelque part dans ma bibliothèque "Le Dimanche de la Vie" : je vais de ce pas le chercher et, quand je l'aurai lu, je reviendrai vous en parler.

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