
Né au Havre le 21 février 1903 dans une famille de commerçants, il fit des études à la Sorbonne tout en s'intéressant de près à la vie bouillonnante qui était celle du Paris de l'Entre-deux guerres. En 1924, il se joint aux Surréalistes, groupe dont il sera exclu six ans plus tard pour insubordination caractérisée et refus de calquer sa pensée sur le manifeste du Parti communiste.
Plus tard, dans un roman qui sortira en 1937, l'écrivain évoquera cette expérience sur le mode évidemment ironique. Il participera également à la rédaction du pamphlet dirigé contre Breton et intitulé "Un cadavre."
Un voyage en Grèce en 1932 attire son attention sur le danger qu'il y a à laisser la langue populaire s'éloigner de la langue littéraire. Rapprocher ces deux extrêmes sera, dans les années qui suivront, l'un de ses chevaux de bataille favoris.
L'année suivante, il publie son premier roman : "Le Chiendent" et obtient le Prix des Deux-Magots. Viendront en suite "Les Derniers Jours", "Odile", "Les Enfants du Limon" (pour lequel il s'appuie sur ses travaux en prévision d'une Encyclopédie des sciences inexactes) et "Chêne & Chien", ce dernier présentant la particularité d'être écrit en vers. Tous quatre sont d'inspiration plus ou moins autobiographique.
En 1938, il entre chez Gallimard tout d'abord en qualité de lecteur et de traducteur, puis comme membre du Comité de lecture. (En 1954, c'est d'ailleurs Queneau qui devient le directeur de la collection de La Pléiade.)
"Pierrot mon ami", qui sort en pleine Occupation, en 1942, lui vaut d'être enfin reconnu par le grand public. A la Libération, il traîne à St Germain des Prés, écrit pour Greco et les Frères Jacques ainsi que des dialogues pour le cinéma, notamment pour le "Mr Ripois" de René Clément.
En 1950, il est admis en tant que Satrape au Collège de Pataphysique et, l'année suivante, à l'Académie Goncourt. En 1959 enfin, sort "Zazie dans le métro" dont l'incroyable popularité surprend jusqu'à Queneau lui-même.
Les années soixante s'ouvrent pour lui avec la création de l'"OuLiPo" ("Ouvroir de Littérature Potentielle"), un groupe de recherches littéraires qui aura de nombreux descendants tels "Ou-X-Po," "Outrapo", etc ...
N'oublions pas l'édition, en 1961, du livre-objet "Cent mille milliards de poèmes" qui offre au lecteur la possibilité de combiner lui-même des vers de façon à composer des poèmes répondant au format classique du sonnet. Selon Queneau : "C’est somme toute une sorte de machine à fabriquer des poèmes, mais en nombre limité ; il est vrai que ce nombre, quoique limité, fournit de la lecture pour près de deux cents millions d’années (en lisant vingt-quatre heures sur vingt-quatre)."
Le poète écrira pratiquement jusqu'à sa mort, en ce 25 octobre 1976.
Ovni littéraire et poétique qui rappelle à la fois Jarry - un Jarry non vampirisé par Ubu, il est vrai - et Pérec, Raymond Queneau mêle une précision mathématique et un grand amour du scientifique aux inventions d'une imagination débridée et curieuse, friande d'allitérations et de jeu avec les mots.
A le lire, on comprend mieux les raisons qui le poussèrent à rompre avec Breton : en effet, la recherche de la structure, qui prédomine chez lui même quand elle paraît loufoque, n'est jamais rigidité ou contrainte. En outre, Queneau fait preuve d'une simplicité qu'ignora toujours Breton.

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