lundi 22 septembre 2014

Vices Privés, Vertus Publiques - Robin Cook (Grande-Bretagne)

Public parts, private places
Traduction : Jean-Paul Gratias


Ce patronyme semblant assez répandu dans le monde anglo-saxon, sachez d'ores et déjà que l'auteur de "Vices Privés, Vertus Publiques" n'avait rien de commun avec son homonyme américain, auteur de thrillers médicaux comme "Virus" ou "Toxines" pas plus qu'avec un troisième Robin Cook, lui aussi décédé, et qui fut, celui-là, adversaire acharné de Tony Blair au sein même du Labour.

Sur le Robin Cook qui nous intéresse, voyez ici :

http://romainb.club.fr/Lire/cook/Robincook.html


Pour l'instant, comme je n'ai pu trouver "J'étais Dora Suarez", je me contenterai de vous parler de "Vices Privés, Vertus Publiques", un roman qui, comme "La Rue Obscène", s'en prend violemment aux tenants de l'establishment britannique.

Ce n'est pourtant pas sans une nostalgie secrète que Cook le démocrate se remémore l'ancienne gentry anglaise, celle de l'Empire colonisateur certes mais celle qui, malgré tout, possédait encore une dignité que les nouveaux riches de l'après-guerre n'ont jamais pu - ni ne pourront jamais - s'acheter.

C'est à cette société en voie d'extinction qu'appartiennent lord Michael Mendip et son cousin, l'Honorable Viper. D'une sensibilité d'écorché vif, éperdument altruiste, Mendip survit à la disparition des revenus familiaux grâce au travail que son cousin lui fournit dans les librairies spécialisées qu'il possède à Soho.

Comme de juste, Viper est l'opposé de Mendip. Ce n'est pas qu'il soit incapable de compassion ou de bonté. Simplement, il a compris depuis longtemps que, dans le monde des affaires, cela n'est pas de mise. Plus ou moins rejeté par sa famille à sa majorité, il a mangé de la vache enragée avant de s'engager dans la voie d'un arrivisme cynique. Désormais amant en titre de Germaine Eriksen, femme d'affaires aveugle et fortunée, il s'occupe tranquillement à amasser son deuxième million de livres. (Sauf erreur de ma part, c'est le même Viper que l'on retrouvera dans "La Rue Obscène.")

Débarque un jour, dans la librairie porno gérée par Mendip, un Grec d'un certain âge, à la recherche de "photos d'art" posées par la propre cousine des deux aristocrates plus ou moins déchus, Lydia Quench. Et c'est, pour Cook, le début d'une description minutieuse et désespérée de la décadence d'une caste.

Bien qu'on n'y croise pas, à proprement parler, de meurtrier, "Vices privés ..." est un roman très noir qui se termine très, très mal, dans une espèce de violence paroxystique. Si l'on excepte Mendip, Viper et sans doute le majordome Forlock, une folie sourde accable les protagonistes. Folie amoureuse en la personne de sir John Odion, amoureux malheureux de Lydia. Folie auto-destructrice chez cette dernière. Folie de meurtre alimentée par l'impuissance sexuelle et sociale chez celui qui la bat à mort. Folie haineuse et rampante chez Béatrice, la soeur de Lydia, qui s'est inscrite au PC et qui, lorsqu'elle réside en la demeure familiale, se fait une obligation de prendre son repas avec les domestiques - au grand scandale de ceux-ci, d'ailleurs. Et folie froide enfin de l'égoïsme chez lady Quench, leur mère.

A l'arrière-plan, leur père, désormais paraplégique, se souvient de sa propre folie d'ignorance et n'aspire plus qu'à mourir puisque la connaissance qu'il possède désormais du besoin d'amour des autres en général et de ses filles en particulier, il lui est désormais impossible de l'exprimer.

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