mercredi 24 septembre 2014

Thomas de Quincey (I)

15 août 1785, Manchester - Lancashire / Cheshire (Grande-Bretagne) : naissance de Thomas de Quincey, essayiste & nouvelliste.

Son père était un homme d'affaires qui collectionnait les succès mais non dépourvu d'une certaine culture. Il portait un grand intérêt à tout ce qui touchait à la littérature mais mourut alors que Thomas était encore très jeune. Après la naissance de l'enfant, la famille avait émigré du 86, Cross Street, à Manchester, jusque dans une vaste propriété campagnarde à quelques miles de la ville, Greenhay. Ce ne fut qu'après la mort de son mari que Mrs de Quincey décida de s'établir à Bath et d'y inscrire son fils à la King Edward's School. Thomas avait alors onze ans.

Garçonnet faible et maladif, il passa sa jeunesse dans une grande solitude que venait seul troubler le périodique retour, aux vacances, de son frère aîné, William, enfant plus déluré et surtout de plus robuste constitution. Entre ses deux fils, et en dépit d'un caractère fort et d'une fine intelligence, Mrs de Quincey - qui comptait parmi ses amis la célèbre philanthrope Hannah More - ne semble leur avoir inspiré qu'une crainte il est vrai mêlée d'admiration. D'affection véritable, on ne peut pas en parler. Elle les élevait d'une façon très sévère et assez curieuse : ainsi,  après que Thomas eut passé trois ans à la King Edward's School, lui vint à l'esprit la peur qu'il ne prît la grosse tête. Pour l'éviter, elle l'envoya illico à l'école de Winkfield, dans le Wiltshire, établissement de qualité évidemment inférieure. 

 Au tournant du siècle, Thomas atteignit ses quinze ans. Malgré les bizarreries éducatives que lui avait imposées sa mère, il était très en avance sur son âge. L'un de ses professeurs de la King Edward's School disait à son propos : "Ce garçon serait capable de haranguer une foule athénienne mieux que nous ne nous débrouillerions, vous et moi, devant une foule anglaise." Il ne faut donc pas s'étonner si, après trois ans passés à la Manchester Grammar School, il décrocha une bourse pour Brasenose College, à Oxford. Mais il lui fallait encore attendre près de vingt mois avant d'y être admis, ce qu'il semble avoir très mal supporté.

Il fit une première tentative de fugue en direction de la ville de Chester, à la frontière galloise, mais fut rattrapé à temps. Finalement, on lui promit une guinée par semaine s'il renonçait à son projet de fugue et s'il acceptait de faire son voyage au Pays-de-Galles en tenant sa famille au courant de ses allées et venues.

De juillet à novembre 1802, de Quincey mena donc la vie du parfait voyageur. Mais bientôt, il cessa de donner de ses nouvelles. Il emprunta un peu d'argent ici et là et prit la diligence pour Londres, avec le projet d'emprunter encore plus. Finalement, il s'arrangea d'une vie de misère, dans laquelle il ne mangeait pas tous les jours, et préféra la liberté de ce mode d'existence au retour dans sa famille.

Cette sombre période de privation devait avoir, sur la psychologie du futur écrivain, une influence profonde et durable. Elle nourrit la première partie des "Confessions d'un Mangeur d'Opium Anglais", son oeuvre-clef avec "De L'Assassinat Considéré comme Un des Beaux-Arts", et réapparaît, à maintes reprises, dans le reste de ses textes.

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