lundi 22 septembre 2014

Saki

18 décembre 1870, Akyab - Burma (Indes britanniques - Actuelle Birmanie) : naissance de Hector Hugh Munro, dit Saki, nouvelliste & romancier.

Fils d'un inspecteur-général de la police birmane lorsque le pays était sous le contrôle des Anglais, il perdit sa mère alors qu'il n'avait que deux ans. Son père rapatria alors toute sa nichée en Grande-Bretagne, où les enfants furent élevés par leur grand-mère et leurs tantes, au sein d'une maisonnée régie par les stricts et étouffantes règles de vie victoriennes.

Le futur écrivain fit ses classes à la Pencarwick School d'Exmouth, puis à la Bedford Grammar School. Après la mise à la retraite de son père, il eut l'occasion de se rendre plusieurs fois dans les élégantes villes d'eaux européennes, en compagnie de Mr Munro et de sa soeur, Ethel.

Il a vingt-trois ans quand il rejoint la Police impériale des Indes et, pour sa première affectation, se trouve muté à Burma - comme le sera plus tard son compatriote George Orwell. Mais sa santé résiste mal au climat local et, en 1895, il retourne en Angleterre pour y débuter une carrière de journaliste dans des journaux comme le "Morning Post" et le "Daily Express."

C'est en 1900 que sort son premier livre, un ouvrage historique intitulé : "The Rise of the Russian Empire", fortement influencé par la somme de Gibbon : "The Decline & Fall of the Roman Empire."

Pendant six ans, de 1902 à 1908, Munro travaille en tant que correspondant étranger dans les Balkans, pour le compte du "Morning Post." Il se rend également en Pologne et en Russie, ainsi qu'à Paris. En parallèle de ses chroniques alimentaires, il écrit des nouvelles où apparaissent et réapparaissent Reginald et Clovis, deux jeunes citadins de bonne famille qui prennent un malin plaisir à assister au déclin des idéaux prônés par leurs aînés.

Depuis longtemps, il a adopté le nom de plume de "Saki", en référence au "Rubáiyát" d'Omar Khayyam, qu'il admire.
Ses quelques rares romans, dont "When William Came", qui imagine la conquête de l'Angleterre par les Hohenzollern (rappelons au passage que Guillaume II était tout de même le petit-fils de Victoria et le neveu d'Edward VII), paraissent également sous ce pseudonyme.

Quand éclate la Grande guerre, Saki, au mépris de ses quarante-trois ans, s'engage dans les Royal Fusiliers en qualité de simple soldat. En dépit de nombreux problèmes de santé et même de blessures reçues au front, contre l'avis des médecins, il repart toujours au feu. Il meurt le 13 novembre 1916, fauché par un éclat d'obus à Beaumont-Hamel, en France.

Après son décès, sa soeur Ethel brûlera une grande partie de ses papiers personnels et entreprendra d'écrire sa propre version de leur enfance. Il est possible qu'elle ait eu vent des rumeurs qui voulaient que son frère - lequel ne s'était jamais marié - fût homosexuel, ce qui était toujours considéré comme un crime en Grande-Bretagne.

Fin styliste, observateur pénétrant des usages de la bonne bourgeoisie britannique edwardienne, Saki a écrit un très grand nombre de nouvelles, le plus souvent drôles (et même férocement drôles) et, quelquefois, fantastiques. Dans cette dernière catégorie, il place encore la barre très haut : tous ceux qui ont lu "Shredni Vashtar", nouvelle souvent reprise dans les anthologies spécialisées, sont bien placés pour le savoir. Contrairement à un P. G. Wodehouse, finalement assez bonne pâte, Saki préfère manier la cruauté, une cruauté rarement avouée, toujours diffuse, dont le lecteur, séduit, se rend complice en pleine connaissance de cause. C'est un auteur qu'il faut absolument connaître, sans redouter de relire ses textes qui, au premier abord, ne semblent pas vous avoir marqué.

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