jeudi 18 septembre 2014

Mary Webb (II)

En 1902, lorsqu’elle emménagea avec ses parents dans leur nouvelle demeure de "Maesbrook", un ancien moulin en fait, toujours dans le Shropshire, dans la petite ville de Meole Brace, Mary avait recouvré un peu de son allant. Elle reprenait même goût à la vie sociale et mondaine lorsque son père mourut en 1909, choc qui occasionna chez elle une rechute dans la maladie de Graves.

Un an plus tard, la jeune fille fit la connaissance de Henry B.L. Webb, jeune professeur qui avait fait ses classes à Cambridge et qui, par ses qualités de culture et de générosité, semble lui avoir rappelé le père qu’elle venait de perdre. Ils se fiancèrent en 1911 et se marièrent à Meole Brace, le 12 juin de l’année suivante.

Mary suivit son mari à Weston-super-Mare, où il enseignait. Et ce fut son second départ du Shropshire. Cet exil lui inspira son premier roman, « The Golden Arrow » dont l’action se situe dans le sud du Shropshire et dont le personnage central, John Arden, est certainement inspiré de George Meredith.

En 1914, les Webb revinrent dans le Shropshire dont se languissait tant Mary. Ce fut à Pontesbury, où ils s’étaient installés, qu’elle acheva « The Golden Arrow » qui allait être publié en 1916. Elle devait aussi y rédiger son second roman, « Gone to earth » - « La Renarde » en français. Le destin tragique de sa toute jeune héroïne, Hazel, rend bien compte des angoisses endurées par la romancière à cette époque où ses trois frères étaient au front. Quand le roman sortit, en 1917, Rebecca West et d’autres crièrent au chef-d’œuvre – et c’est sans doute ce qu’il est.
Pourtant, 1917 permit à Mary de concrétiser un vieux rêve : avoir son “chez-elle.” Avec son mari, qui enseignait désormais à la Priory School de Shrewsbury, elle acheta un terrain pour y faire construire un bungalow qu’ils baptisèrent “Spring Cottage.” C’est là qu’elle écrivit “The House in Dormer Forest”, son troisième roman et aussi le plus humoristique. Elle était alors en pourparlers avec un éditeur américain, désireux de la publier. 

En 1921, Henry Webb trouva un poste d’enseignant à la “King Alfred School" de Londres. Tout en se réservant Spring Cottage pour les vacances, les Webb s’établirent donc à Bayswater, puis à Hampstead.

Avant longtemps, certaines tensions se firent sentir dans le ménage. Un peu comme Emily Bronte qui ne se sentait bien qu’à Haworth, Mary ne pouvait se passer du Shropshire. Elle s’arrangeait pour retourner fréquemment à Spring Cottage et Henry se sentait abandonné. On ne peut nier cependant que son séjour à Londres ne servît la carrière de l'écrivain.

"Seven for a secret”, son quatrième roman, sortit en 1922 et tous les grands journaux littéraires en rendirent compte. Le « Spectator » et le « Bookman » demandèrent même à l’auteur de collaborer à leur rédaction. Enfin, couronnement de sa carrière, « Precious Bane » - « Sarn » en français – obtint le Prix Fémina étranger en 1924. En cette occasion, le Premier ministre britannique, Stanley Baldwin, lui adressa une lettre chaleureuse où il lui disait combien le roman lui avait plu.

Mais bien que les critiques reconnussent la qualité de son travail, le succès populaire ne suivait pas. La reconnaissance du public sera, pour Mary Webb, quasi posthume.

En 1926, minée par le stress, les doutes qui l’assaillent sur son mariage et aussi par la maladie qui la ronge, la romancière ne peut achever son sixième roman, « Armour wherein he trusted », qui avait pour cadre le Shropshire médiéval. Comme toujours, elle court se réfugier dans sa région natale, à Spring Cottage, en compagnie de sa vieille gouvernante, Miss Lory. Elle meurt le 8 octobre 1927, à la maison de repos St Leonard.

Six mois plus tard, faisant suite au discours de Stanley Baldwin, prononcé à un dîner du Royal Litterary Fund, Mary Webb fut encensée par la presse comme un « génie méconnu ... »

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