lundi 15 septembre 2014

Marcel Proust

10 juillet 1871, Auteuil - Paris - XVIème (France) : naissance de Marcel Proust, poète et romancier.

Proust est né dans la grande bourgeoisie judéo-française et connut donc une enfance extrêmement aisée. De santé fragile - l'asthme apparaîtra dès ses neuf ans et ne le quittera plus jusqu'au dernier jour - il est couvé par une mère inquiète et aimante, dont l'attitude hyper-protectrice encouragera chez l'enfant des tendances homosexuelles.

Entre les relations de sa famille et celles qu'il commence lui-même à se faire, par exemple au lycée Condorcet où il sympathise, entre autres, avec Reynaldo Hahn, Proust n'a aucun mal à se faire une place dans le Paris mondain qui ne cessera d'exercer sur lui une profonde attirance.

Mais c'est une attirance bien différente de celle qu'on reprochera à Jean Cocteau - pour ne citer que lui. C'est presque en entomologiste que procède Proust, observant les personnalités, bourgeoises et aristocratiques, qui lui inspireront les personnages de sa futre "Recherche ..."

Pendant quinze ans, le romancier, qui ne s'est pas remis de l'accueil fait à son premier ouvrage (un recueil de poèmes) : "Les Plaisirs et les Jours", va engranger, accumuler, détailler, peaufiner, reprendre, écrire, réécrire, sur les célèbres calepins qui jalonnent la genèse de la "Recherche ..."

En 1913, il publie "Du Côté de chez Swann" mais la reconnaissance ne lui arrivera qu'en 1919, avec le Prix Goncourt, qui vient récompenser "A l'Ombre des Jeunes Filles en Fleurs". Epoustouflant destin pour un livre qu'André Gide avait refusé chez Gallimard ...

Proust peut donc mourir, ce qu'il fait, dans l'ultime et tragique suffocation qui guette l'asthmatique, en novembre 1922 : il sait qu'il laisse derrière lui une oeuvre impérissable, dans laquelle on voit en général le début du roman moderne.

Comme Saint-Simon - auteur qu'il révérait - Marcel Proust s'est construit un style qui enthousiasme ou endort. Comme Saint-Simon, il est capable d'écrire des phrases si longues qu'elles occupent une page et demie. Comme Saint-Simon encore, il est le témoin de son temps et de la société dans laquelle il évolue, il en est, en quelque sorte, leur brillant et acerbe mémorialiste.

Fresquiste génial, Proust ne se contente pas de peindre paysages et nature, il est aussi un analyste minutieux et exceptionnellement profond de l'âme humaine. Ceux qui n'ont pas dépassé les premières pages du "Côté de chez Swann" ignorent également que cet homme timide, courtois et attentionné était capable, quand il écrivait, de faire preuve d'un sens de l'humour proprement féroce.

Les grands thèmes qui le hantent sont essentiellement le Temps qui passe ou plutôt qui fuit sans rémission, l'homosexualité, les délicates complexités de la relation amoureuse, l'abandon de celui qui n'est pas aimé par celui qui n'aime plus ou n'a jamais aimé ...

L'un des plus grands écrivains français, aux côtés de Balzac, de Hugo, de Zola. Une "Recherche ..." à lire - lentement, patiemment, en faisant des pauses et, si possible, à haute voix. Surtout, surtout : ne pas se décourager car, un jour ou l'autre, en tournant une page, vous finirez par rencontrer Marcel Proust, l'homme et le romancier. Et c'est une très belle rencontre, croyez-moi.

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