mercredi 24 septembre 2014

L'Héritage de Miss Peabody - Elizabeth Jolly (Grande-Bretagne)

Miss Peabody's Inheritance
Traduction : Claire Malroux
Notre Opinion

Personnages

Citation :
[...] ... Dans sa chambre virginale qui sentait le renfermé, Miss Peabody essayait de comprendre la lettre griffonnée à l'encre rouge et bleue. Elle cherchait à reconstituer les vies de Miss Thorne et de Miss Snowdon (=amie de Miss Thorne dans le futur roman de Diana Hopewell). Il y avait un manque d'enchaînement. Elle se rendit compte qu'il lui faudrait prendre chaque lettre comme elle venait, en espérant qu'elle en tirerait bien un sens.
Miss Peabody ne buvait jamais d'alcool mais, à cette occasion, elle se versa dans sa tasse de lait chaud un peu du brandy prescrit à sa mère à titre de médicament. C'était apaisant. La bataille dans l'eau (= une scène du futur roman racontée par Hopewell et à connotation lesbienne) l'avait un peu perturbée.

Les scènes d'amour sont banales et même répétitives si on les sort de leur contexte et si on les lit sans préparation. (La romancière terminait sa lettre par une petite leçon écrite à l'encre verte.) Ce sont les circonstances, la progression vers l'acte d'amour et puis ce qu'on éprouve ensuite, les pensées et les sentiments, voyez-vous, qui rendent les scènes mémorables. Les scènes d'amour devraient être toutes sortes de choses. Elles peuvent même être grotesques , car il y a quelque chose de ridicule dans des corps d'hommes et de femmes nus, n'est-ce pas ? A présent, poursuivait la romancière, parlez-moi de vous. Avez-vous un beau petit dos bien droit ? Etes-vous amoureuse ? Parlez-moi de vos amours car je suis sûre que vous êtes amoureuse. ... [...] 
 
Le supérieur hiérarchique de Miss Peabody, Mr Bains, l'a toujours trouvée bizarre. Mais, depuis la nuit où il a été obligé d'aller la chercher au poste de police où elle avait été emmenée pour ivresse publique - en fait, Miss Peabody, nous l'avons déjà dit plus haut, ne boit jamais d'alcool mais, depuis quelque temps, chaque vendredi soir, dans l'espoir de s'intégrer un peu mieux au groupe de ses collègues de travail, elle participe à leur petit "apéritif" et se retrouve en général plus que pompette au bout d'un seul petit verre - il ne la supporte plus. Il veut donc qu'elle parte en vacances et la fait appeler dans son bureau :
Citation :
[...] ... Pour l'instant, en attendant Miss Peabody, il tenait sa tête entre ses mains, les coudes posés sur le bois bien ciré de son bureau. Il lui avait été odieux de devoir avouer, en public, qu'il la connaissait et encore plus odieux de conduire cette idiote chez elle en l'écoutant bavarder comme une pie à propos de ce qu'elle appelait les sujets d'actualité.

- "Miss Peabody ! Ah ! vous voilà ! Asseyez-vous, s'il vous plaît." Il bondit pour lui avancer une chaise tandis que, marchant en crabe, elle franchissait la porte et se dirigeait vers lui.

- "Une cigarette ?

- Oh ! merci, ce n'est pas de refus.

- Miss Peabody," commença Mr Bains, "nous, ceux d'entre nous qui sommes à la tête de Fortress, estimons que vous avez besoin, je veux dire que vous méritez, oui, méritez de longues vacances. Je suggère que vous preniez trois mois de congé, après quoi, euh, après quoi nous réexaminerons euh, votre situation.

- Oh, merci, Mr Barrington.

- Bains.

- Oui, vous êtes Mr Bains, bien sûr. Je vous remercie. Je me suis sentie très fatiguée ces derniers temps. C'est l'excitation, je veux dire la mort de ma mère. Elle a été si subite ...

- Oui, oui, vous êtes fatiguée, oui," murmura-t-il en s'efforçant de rendre aussi bienveillant que possible son propre visage fatigué. Il songea qu'il serait peut-être mort avant la réapparition de Miss Peabody. Cette perspective le réconforta. Il sourit. Appuyant le bout de ses doigts l'un contre l'autre, il demanda : "Avez-vous un endroit où aller ? Un endroit où vous aimeriez aller ? Pour un repos et un changement de vie total ? Les gens ont besoin d'un changement de temps en temps, vous savez." Il marqua une pause et ajouta rapidement : "Nous sommes prêts, à Fortress, à vous aider sur le plan financier. Je, euh, je pensais peut-être à une petite plage sur la côte-sud ?

- Oh, non, ce ne sera pas nécessaire," répondit Miss Peabody. "J'ai de l'hypertension, voyez-vous.

- Oui, nous en avons tous, nous en avons tous," se hâta de dire Mr Bains sans chercher à savoir ce que l'hypertension avait à voir avec les tarifs de chemin de fer.
- "J'irai en Australie," déclara Miss Peabody. "J'ai une amie là-bas. C'est une déesse, vous savez. Diane. Artemis. Déesse de la mythologie grecque. Fille de Zeus. Seigneur de la libre nature. Elle chasse sur les montagnes avec ses vierges. Elle est la soeur d'Apollon. Elle est," - Miss Peabody marqua une pause - "elle est aussi la déesse de la lune."

Mr Bains se glissa jusqu'à la porte et appela Miss Truscott
(= sa secrétaire et maîtresse). "Emmenez-la !" réussit-il à dire en remuant les lèvres de telle façon que Miss Truscott le comprenne sans que personne entende ses paroles. "Emmenez-la !" ... [...]
 
 

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