lundi 15 septembre 2014

Le Livre des Rabinovitch - Philippe Blasband (Belgique / Expression francophone)

ISBN : 9782859206192 
Ce roman se présente comme un album de photos plus ou moins jaunies, évoquant les membres d'une famille juive d'origine polonaise et ayant atterri, au cours des décennies, en Belgique. Treize photographies pour treize personnages - treize points de vue retraçant l'histoire de la famille Rabinovitch. Un à un, chacun à son tour, tous dévoilent le pan de cette histoires qu'ils ont vécu, formant peu à peu l'image finale d'un puzzle qui, je dois l'avouer, m'a laissée sur ma faim.

Il y a Zalman, l'arrière-grand-père qui a perdu la foi en Pologne mais sort tout de même de la débauche dans laquelle il a ensuite sombré pour revenir chez lui et inciter son épouse et ses enfants, qu'il a pourtant abandonnés sans autre forme de procès, à fuir le village, puis le pays devant l'imminence d'un pogrom. Sa femme, Léa, sera celle qui, vaille que vaille et d'ailleurs enceinte de son dernier enfant, assurera le long voyage, des neiges de Pologne à la pluie bruxelloise. A partir de là, les enfants vont s'adapter avec plus ou moins de facilité : l'une des filles mourra dans un camp de concentration et Arié, le dernier de la fratrie, sortira lui aussi très abîmé de la Seconde guerre mondiale tout d'abord, de la fondation de l'Etat d'Israël ensuite. Leur soeur, Sarah, ira également jusqu'en Palestine mais elle en reviendra et puis, nul ne le niera, Sarah est une femme forte, qui a de la ressource. C'est le genre de personnes que rien n'abat.

La génération suivante est celle qui voit le jour sur le sol belge, à l'exception notable de Yossi, né dans le kibboutz palestinien où séjournait sa mère, Sarah, et qui, de son propre aveu, a tout fait pour oublier que, à l'âge de quatre ans, âge auquel il arriva en Belgique, il ne parlait et ne pensait qu'en hébreu. Parmi ses cousines, Martine, fille d'Arié, atteinte semble-t-il assez jeune de certains troubles mentaux, s'est débrouillée pour avoir un enfant d'un Arabo-musulman héroïnomane rencontré dans un hôpital psychiatrique. Elle l'a appelé Ali, ce qui sonne arabe, bien sûr, mais rappelle aussi le prénom de la soeur de Martine, Aline.
Comme Ali, Max et Ernst sont les arrière-petits-fils de Zalman. Fils d'une catholique et d'un juif (Nathan et Marie), Max, qui a la tête sur les épaules et ressemble beaucoup à son grand-père, Elie, homme jovial et à l'esprit ouvert, se considère avec bon sens comme demi-juif et avoue ne pas se reconnaître dans la judéité. Ernst, son frère, homosexuel, atteint du sida en une époque où cette maladie était encore taboue, s'enferme chez lui pour mourir, sans donner de nouvelles à qui que ce soit.

Et le livre se clôt sur son choix.

Je vais sans doute décevoir les admirateurs de Philippe Blasband mais, selon moi, "Le Livre des Rabinovitch" laisse non seulement une impression d'inabouti mais aussi pas mal d'interrogations. On se demande à quoi tendait l'auteur, s'il n'avait pas, au départ, une idée bien précise, idée qu'il a abandonnée en cours de route pour s'engager dans une voie totalement différente. Les personnages restent flous, beaucoup de péripéties - dont la naissance du bébé judéo-arabe - évoquent le cliché et le lecteur finit par s'interroger sur ce qui l'a poussé à aller jusqu'au bout de l'ouvrage.

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