lundi 22 septembre 2014

George Eliot


22 novembre 1819, Nuneaton (Warwickshire) : naissance de Mary Ann Evans, dite George Eliot, poétesse & romancière.

Fille du régisseur de la famille Newdigate, la jeune Mary Ann passa les premières années de son enfance dans la grande ferme qui servait de maison de fonction à son père. Par la suite, la famille déménagea du côté de Coventry.

Enfant intelligente et volontaire, Mary Ann dut aux fonctions qui étaient celles de son père le droit d'accéder librement à la bibliothèque du château d'Aldbury où elle découvrit avec émerveillement Walter Scott et Shakespeare. Mais, en 1832, elle fut envoyée dans une école de religieuses baptistes, à Coventry, pour y apprendre le français. Et c'est à partir de cette époque qu'elle commença à s'intéresser à l'Histoire des religions.

En 1836, la mort de sa mère la contraint à regagner le logis familial. Mais elle poursuit ses études auprès d'un précepteur et débute sa correspondance avec Maria Lewis, l'une de ses anciennes institutrices. Après le mariage de son frère, Isaac, à qui elle était très liée, elle emménage avec son père à Foleshill, près de Coventry et voit son monde s'élargir considérablement.

Outre Sara Hennell, gouvernante chez les Bonham-Carter, parents de Florence Nightingale, elle se lie d'amitié avec Charles et Cara Bray qui, plus tard, l'accompagneront en Europe. Charles possède une fabrique de rubans mais s'occupe également d'oeuvres philanthropiques.

Quand son père décède à son tour, Mary-Ann suit les Bray en Europe et plus spécialement en Suisse. Pour la première fois, elle voit des catholiques en chair et en os et constate - elle le rapporte dans sa correspondance - qu'"ils ne sont absolument pas différents de nos meilleures familles anglicanes." (Bien plus tard, dans "Middlemarch", elle créera un personnage favorable à l'acte d'émancipation des catholiques en Angleterre - et par conséquent fort mal vu du clergé local.)

De retour à Londres, chez son frère, elle contracte ses deux prénoms en "Marian" et décide de vivre de sa plume. Elle n'a pourtant qu'un seul livre à son actif, une "Vie de Jésus" publiée en 1846 par John Chapman dont elle devient, en 1851, la collaboratrice au "Westminster Review", journal que l'on peut qualifier de gauche, surtout pour l'époque.

La personnalité de Chapman, qui a établi sa vie entre son épouse et une maîtresse qu'il abrite sous son toit, fascine Marian et, peu à peu, elle tombe amoureuse de son employeur. Malheureusement, elle possède un physique ingrat - ce qui ne pardonne pas en ce temps-là, surtout quand on ne possède pas par ailleurs de dot bien sonnante. Ainsi, parmi les écrivains et hommes de lettres qu'elle croise chez Chapman, se voit-elle repoussée par Herbert Spencer, rédacteur en chef de "The Economist" et qui vient de publier ses "Social Statics."

Tout au contraire, elle charme le philosophe et critique George Henry Lewes qui, en 1854, lui demande de partager sa vie en dehors du mariage puisque, de son côté, il a épousé Agnes Jarvis. La même année, ils partent pour l'Allemagne, qu'ils visitent en long et en large. Marian en profite pour plancher sur la traduction de "L'Essence du christianisme" de Feuerbach et de "L'Ethique" de Spinoza. (Cette dernière restera inachevée.)

A son retour en Grande-Bretagne, le couple s'affiche sans complexes, au profond scandale des bien-pensants et bien que, de son côté, Agnes Jarvis vive de même avec un amant. Marian va jusqu'à accoler le nom de "Lewes" à son nom de jeune fille. Mais, femme avisée, elle se retire loin de la ruche littéraire et, choisissant le nom de plume de George Eliot (afin que ses manuscrits soient pris au sérieux), elle entreprend de devenir une romancière à part entière.

En 1857, "Amos Barton", premier volet des "Scènes de la vie du clergé", sort dans le "Blackwood's Magazine" et reçoit un accueil gracieux. Deux ans plus tard, "Adam Bede", le premier roman de la jeune femme, connaît un succès immédiat. En même temps, les rumeurs se précisent sur l'identité de l'auteur. Pour lever tous les doutes, George Eliot se démasque.

En 1860, autre succès : "Le Moulin sur la Floss", sans doute l'oeuvre la plus autobiographique de la romancière, qui évoque l'amour incestueux (mais platonique) d'une soeur pour son frère.

Très connu également - mais sensiblement plus court : "Silas Marner", dont le héros, injustement accusé de vol par son meilleur ami, vient s'installer dans un petit village pour y vivre en paix. Mais au bout de quinze ans, ses projets sont dérangés par une petite fille qu'il adopte.

Enfin, comment oublier "Middlemarch" - dont nous parlerons bientôt sur Nota Bene Wink - "pavé" qui raconte l'histoire d'une petite ville provinciale et de la société qu'on y rencontre ?

Eliot a écrit pratiquement jusqu'à sa mort qui survint le 22 décembre 1880, à son domicile londonien. Son dernier roman, "Daniel Daronda", s'applique à introduire le lecteur dans la société juive de l'époque et présente celle-ci sous un jour particulièrement flatteur, ce qui a fait taxer la romancière de pro-sionisme.

Au XIXème siècle, cette héritière directe de la génération de Jane Austen et contemporaine des soeurs Brontë, emprunte son amour du détail et cette minutie dans la description des états d'âme qui ravissait encore Marcel Proust, l'un de ses admirateurs. C'est dire que son style peut ne pas séduire sur l'instant et que certains lecteurs, adeptes d'une écriture moins traditionnelle et plus "moderne", risquent de passer à côté d'une femme qui, incontestablement, autant par sa personnalité que par son oeuvre, mérite de figurer parmi les grands écrivains de la littérature anglaise et mondiale.

Noël approche : pourquoi ne pas en profiter pour découvrir George Eliot ?

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