mercredi 24 septembre 2014

Elizabeth Jolley

4 juin 1923, Birmingham - Midlands (Grande-Bretagne) : naissance de Monica Elizabeth Knight, dite Elizabeth Jolley, nouvelliste & romancière.

Fille d'un Britannique et d'une Australienne, elle grandit dans le Pays Noir des Midlands et suit des cours à la maison jusqu'à ses onze ans, âge auquel elle est envoyée dans un pensionnat quaker, la Sibford School. Lorsqu'elle revient au logis pour les vacances, elle trouve la grande maison envahie par des réfugiés européens qui fuient la menace de guerre. Evoquant cette époque, elle dira plus tard : "C'était là un monde bien mystérieux pour une enfant."

En 1940, elle commence ses cours d'infirmière à Londres, sous les bombes. Elle n'émigrera en Australie qu'en 1959, en compagnie de son mari, Leonard Jolley, et de leurs trois enfants. Leonard avait décroché le poste de bibliothécaire adjoint à la Reid Library de l'Université d'Australie occidentale, poste qu'il tiendra de 1960 jusqu'en 1979.

Doté d'un esprit aussi aigu que son épouse, Leonard Jolley s'impliqua à fond dans les activités d'Elizabeth. Il fut son supporter le plus enthousiaste et son critique le plus constructif. Des écrivains du monde entier venaient souper dans leur modeste maison, pleine à craquer de livres, dans un faubourg de Claremont. En 1970, ils achetèrent également un petit verger, dans la petite ville de Wooroloo.

Sur le plan strictement alimentaire, Jolley exerça un grand nombre de professions : infirmière, femme de ménage, vendeuse en porte-à-porte, et même responsable d'une petite ferme où l'on élevait des volailles. Mais pendant tout ce temps-là, elle continua à écrire : nouvelles, pièces de théâtre et romans. Elle ne devait cependant pas se faire publier avant 1976, alors qu'elle avait 53 ans.

A partir de la fin des années soixante-dix, elle enseigna l'écriture à l'Institut de Technologie d'Australie occidentale, plus tard à la Curtin University, et parmi ses élèves, compta le célèbre romancier Tim Winton.

En l'an 2000, Elizabeth Jolley, qui avait perdu son mari six ans plus tôt, sombra dans une démence sénile et dut se retirer dans une institution spécialisée de Perth, où elle décéda le 13 février 2007.

Bien qu'elle eût commencé à écrire très jeune, Jolley demeura longtemps une incomprise, systématiquement refusée par les éditeurs. Selon Delys Bird, il faut chercher la raison de cette incompréhension dans les traits post-modernes de son écriture : motifs répétés dans et entre ses romans et ses nouvelles, fins ouvertes, etc ...
Au début des sixties, quelques unes de ses nouvelles furent acceptées par la BBC World Service and Australian journals mais son premier livre, "Five Acre Virgin" ne sortit que près de seize ans plus tard, suivi de "Woman in Lampshade" et de "Palomino." Encore leur fallut-il attendre encore un peu avant de bénéficier de l'accueil qu'ils méritaient.
Découragée, elle abandonne alors un temps l'écriture. Toutefois, en 1983, elle voit deux de ses manuscrits, "Miss Peabody's Inheritance / L'Héritage de Miss Peabody" et "Mr Scobie's Riddle" acceptés par les éditeurs. Et là, c'est le succès, couronné par des prix littéraires - succès qui ne cessera plus d'auréoler l'oeuvre d'Elizabeth Jolley.

Son style mêle de façon déconcertante le modernisme de la fin du XXème siècle à un humanisme issu en droite ligne du XIXème. Ses personnages, à quelque société qu'ils appartiennent et quel que soit le niveau qu'ils occupent dans ladite société, sont décalés, et même désaxés : ils peuvent être vieux, pauvre, étrangers, solitaires, excentriques ou simplement regardés comme bizarres et déviants. Ils mènent le plus souvent une existence dont la tristesse et la banalité sont largement tempérées par l'originalité des stratégies qu'ils ont mises au point pour survivre - un mélange de tendresse narquoise, d'humour noir et de réalisme caustique. L'idée d'aliénation, de déplacement ou d'exil apparaît souvent.

Autre caractéristique : l'apparition de personnages déjà vus dans d'autres textes. De même, certaines situations se répètent mais la façon de les traiter diffère de livre en livre.


En France, les livres d'Elizabeth Jolley, dont "L'Héritage de Miss Peabody", sont édités chez Payot/Rivages étrangers. Pourquoi ne pas en tester au moins un ?

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