lundi 22 septembre 2014

Akhénaton le Dieu Maudit - Gilbert Sinoué

"Akhénaton, le Dieu maudit" n'est pas, à proprement parler, un biographie d'Aménophis IV. Si vraiment vous en voulez une, voyez par exemple l'ouvrage consacré par Philip Vandenberg à son épouse, Néfertiti.

Il s'agit plutôt, sous couvert d'examiner l'authenticité de la correspondance échangée par deux anciens familiers du Pharaon, Anoukis (qui fut l'un des amants) et Keper, de regrouper et de résumer le plus impartialement possible toutes les théories sérieuses qui ont été émises à son sujet.

La chose n'était pas aisée et c'est tout à l'honneur de Gilbert Sinoué de s'en être sorti de façon aussi remarquable et aussi sobre. Car, en ce qui concerne le précurseur du monothéisme, on a dit tout et son contraire.

Toutes les grandes figures de l'époque défilent, présentées tour à tour par deux hommes qui n'ont pas fatalement à leur sujet la même vision : Aménophis III, le père d'Akhénaton et son épouse, la reine Tiyi, Néfertiti bien sûr mais aussi la mystérieuse Kya, la seule concubine de l'Hérétique qui lui aurait donné un fils, le futur Toutankhaton (si l'on récuse, bien sûr, l'hypothèse qui fait de celui-ci le frère d'Akhénaton ou encore le fils qu'il aurait eu d'une union incestueuse avec Tiyi), les filles du couple d'Armana, Horemheb, grand officier de l'Hérétique qui s'acharnera pourtant après sa mort à nier qu'il ait jamais existé, et bien d'autres ...

Certains - dont je suis, je l'avoue - trouveront tout cela un peu trop rapide 300 pages en Folio pour évoquer Akhénaton et sa vie, c'est très peu. Mais Sinoué s'est très bien documenté et sans doute a-t-il eu peur d'en faire trop et, ce faisant, de rompre son voeu d'objectivité.

Quant à l'épilogue qu'il a donné à son livre, il m'a beaucoup - et agréablement - surprise en raison du ton cinglant ici affiché envers le monothéisme sous toutes ses formes. Voici d'ailleurs ci-dessous la fin de l'ouvrage :


Citation :
... Plus jamais de monothéisme. Plus jamais. Ses adeptes avaient trop de sang sur les mains. Beaucoup trop de sang.

Il est vrai que, né au pays qui vit la première tentative d'instauration du monothéisme sous Akhénaton et qui, au XXème siècle, a donné naissance à Hassan-el-Banna, le "père" des Frères musulmans, Gilbert Sinoué sait parfaitement de quoi il parle.

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