27 juin 1970, St-Cyr-Sur-Morin
(Seine-et-Marne) : décès de Pierre Dumarchey, dit Pierre Mac Orlan,
poète, essayiste, nouvelliste & romancier.
Il était né à Péronne, dans la Somme, le 26 février 1882. En dépit du flou qu'il s'acharnera à entretenir sur ses années de jeunesse, un peu comme si sa vie n'avait commencé que le jour où il devint Pierre Mac Orlan, on sait qu'il perdit sa mère alors qu'il n'avait pas sept ans et qu'il avait un frère, prénommé Jean. On sait aussi que son père exerçait la profession de commissaire de police et que les rapports qu'il entretint avec lui ne furent jamais très bons. En 1894 de toutes façons, Dumarchey Père confie ses deux enfants aux soins de leur oncle, inspecteur de l'Instruction publique à Orléans.
Elève médiocre, le jeune Pierre se passionne pour Villon, écrit ses premières chansons qu'il envoie à son idole, Aristide Bruant, rêve déjà de Montmartre et prépare doucement son futur pseudonyme puisque, bien plus que l'improbable ancêtre écossaise dont il se targuera plus tard, il forgera son nom de plume sur celui d'Orléans - Mac Orl(é)an(s).
En 1899, il laisse en plan l'Ecole normale de Rouen, où il envisageait une carrière d'instituteur, et monte à Paris, en compagnie de son frère cadet. Pour l'instant, il n'est pas encore question pour lui d'écriture, mais de peinture. Cependant, très vite, les deux frères se rendent compte de toute la misère que dissimule le terme "bohème" et si Pierre puise dans leurs fréquentations de cette époque une expérience du lumpenprolétariat qu'il restituera plus tard dans son oeuvre littéraire, il ne l'apprécie guère pour autant. En 1901, il jette l'éponge et repart pour Rouen. Son frère Jean, peut-être à la suite d'une bagarre qui aurait mal tourné, choisit de s'engager dans la Légion.
A Rouen, Pierre Dumarchey se fait correcteur d'imprimerie et sort beaucoup la nuit. Il fréquente donc la faune interlope de la ville et y croise un certain Star qui lui fournira le modèle de nombreux personnages parmi les plus inquiétants de ses romans. Il se fait aussi des amis comme le journaliste Paul Lenglois ou Robert Duquesne, jeune étudiant auteur du roman "M. Homais voyage" que Pierre Dumarchey va illustrer sous le nom de Pierre Mac Orlan.
En 1905, c'est en qualité de Pierre Mac Orlan qu'il retrouve Montmartre et les conditions de vie des plus précaires qui y règnent. Il occupe une chambre au Bateau-Lavoir, rencontre Vlaminck, Picasso, Max Jacob, André Salmon, Apollinaire et bien d'autres. On le voit aussi au "Lapin Agile", il lit Kipling et fait accessoirement le gigolo pour des "femmes de lettres aisées" qui l'embauchent comme "secrétaire particulier" et l'emmènent avec elles en voyage à l'étranger.
Enfin, par l'entremise de Roland Dorgelès, qui le présente à Gus Bofa, rédacteur en chef du journal "Le Rire", Mac Orlan commence à publier non ses dessins mais ses textes, pour la plupart des contes humoristiques, suivis très vite d'un premier roman au style grinçant : "La Maison du Retour écoeurant." Désormais assuré d'une bonne stabilité financière, il épouse Marguerite Gérard, fille du tenancier du "Lapin Agile."
Quand survient la Grande guerre, l'écrivain s'engage. Il sera blessé en 1916 et donc rendu à la vie civile, avec la Croix de Guerre. Il se remet à écrire et les années de l'entre-deux-guerres verront paraître quelques uns de ses livres les plus connus dont "Marguerite de la Nuit" en 1924 et "Le Quai des Brumes" en 1927. Devenu directeur artistique des Editions d'Art de la Renaissance du Livre, il est aussi grand reporter pour le compte de Pierre Lazareff et voyage aussi bien en Allemagne, où il voit se profiler, puis s'imposer le Nazisme, qu'en Grande-Bretagne (où il étudie les méthodes de Scotland Yard) et en Italie. Il se rend même aux Etats-Unis, alors livrés à la Prohibition, ce qui lui donnera du grain à moudre pour ses romans.
En 1929, Jean, le frère de Pierre, meurt d'une hémorragie cérébrale. Le dernier lien qui rattachait Mac Orlan au nom de Dumarchey se rompt.
En ce qui concerne la Seconde guerre mondiale, Mac Orlan va la vivre en retrait, s'absorbant dans la mise en forme de ses souvenirs, parfaitement conscient au demeurant que le conflit détruit matériellement les décors dans lesquels s'est déroulée sa jeunesse.
En 1950, il succède à Lucien Descaves à l'Académie Goncourt. En 1963, il perd sa femme et se retire définitivement dans sa maison de St-Cyr-Sur-Morin. Il y est très visité : Brassens, Jean-Pierre Chabrol ... pour qui il sort son accordéon et entonne les chansons qu'il écrit depuis la fin de la guerre. Brassens aura à son propos ce joli mot : "Mac Orlan donne des souvenirs à ceux qui n'en ont pas."
Il meurt le 27 juin 1970 et est inhumé dans le cimetière du petit village qui, au fil des années, avait fini par constituer son port d'attache.
Il laisse derrière lui une oeuvre pléthorique et, il faut bien le dire, largement méconnue. Aussi ne peut-on recommander au lecteur curieux que de la redécouvrir sans attendre tant elle déborde de truculence mais aussi de nostalgie pour le temps enfui de la jeunesse (même s'il ne fut pas toujours reluisant) et d'une poésie largement mâtinée de fantastique. Toutes proportions gardées, il règne, chez Mac Orlan, un climat un peu similaire à celui que l'on retrouve chez Jean Ray, lui-même grand bohème et aventurier, et en particulier dans les "Contes du Whisky." L'amour de la mer et des terres lointaines y tient aussi l'un des ses meilleurs rôles en littérature. Quant aux histoires de pirates tel "A bord de "L'Etoile Matutine" ou "Les Clients du Bon Chien Jaune", elles constituent un hommage de qualité à Robert-Louis Stevenson.
Oui, Pierre Mac Orlan est à lire, à relire et surtout à découvrir, qu'on se le dise !
Il était né à Péronne, dans la Somme, le 26 février 1882. En dépit du flou qu'il s'acharnera à entretenir sur ses années de jeunesse, un peu comme si sa vie n'avait commencé que le jour où il devint Pierre Mac Orlan, on sait qu'il perdit sa mère alors qu'il n'avait pas sept ans et qu'il avait un frère, prénommé Jean. On sait aussi que son père exerçait la profession de commissaire de police et que les rapports qu'il entretint avec lui ne furent jamais très bons. En 1894 de toutes façons, Dumarchey Père confie ses deux enfants aux soins de leur oncle, inspecteur de l'Instruction publique à Orléans.
Elève médiocre, le jeune Pierre se passionne pour Villon, écrit ses premières chansons qu'il envoie à son idole, Aristide Bruant, rêve déjà de Montmartre et prépare doucement son futur pseudonyme puisque, bien plus que l'improbable ancêtre écossaise dont il se targuera plus tard, il forgera son nom de plume sur celui d'Orléans - Mac Orl(é)an(s).
En 1899, il laisse en plan l'Ecole normale de Rouen, où il envisageait une carrière d'instituteur, et monte à Paris, en compagnie de son frère cadet. Pour l'instant, il n'est pas encore question pour lui d'écriture, mais de peinture. Cependant, très vite, les deux frères se rendent compte de toute la misère que dissimule le terme "bohème" et si Pierre puise dans leurs fréquentations de cette époque une expérience du lumpenprolétariat qu'il restituera plus tard dans son oeuvre littéraire, il ne l'apprécie guère pour autant. En 1901, il jette l'éponge et repart pour Rouen. Son frère Jean, peut-être à la suite d'une bagarre qui aurait mal tourné, choisit de s'engager dans la Légion.
A Rouen, Pierre Dumarchey se fait correcteur d'imprimerie et sort beaucoup la nuit. Il fréquente donc la faune interlope de la ville et y croise un certain Star qui lui fournira le modèle de nombreux personnages parmi les plus inquiétants de ses romans. Il se fait aussi des amis comme le journaliste Paul Lenglois ou Robert Duquesne, jeune étudiant auteur du roman "M. Homais voyage" que Pierre Dumarchey va illustrer sous le nom de Pierre Mac Orlan.
En 1905, c'est en qualité de Pierre Mac Orlan qu'il retrouve Montmartre et les conditions de vie des plus précaires qui y règnent. Il occupe une chambre au Bateau-Lavoir, rencontre Vlaminck, Picasso, Max Jacob, André Salmon, Apollinaire et bien d'autres. On le voit aussi au "Lapin Agile", il lit Kipling et fait accessoirement le gigolo pour des "femmes de lettres aisées" qui l'embauchent comme "secrétaire particulier" et l'emmènent avec elles en voyage à l'étranger.
Enfin, par l'entremise de Roland Dorgelès, qui le présente à Gus Bofa, rédacteur en chef du journal "Le Rire", Mac Orlan commence à publier non ses dessins mais ses textes, pour la plupart des contes humoristiques, suivis très vite d'un premier roman au style grinçant : "La Maison du Retour écoeurant." Désormais assuré d'une bonne stabilité financière, il épouse Marguerite Gérard, fille du tenancier du "Lapin Agile."
Quand survient la Grande guerre, l'écrivain s'engage. Il sera blessé en 1916 et donc rendu à la vie civile, avec la Croix de Guerre. Il se remet à écrire et les années de l'entre-deux-guerres verront paraître quelques uns de ses livres les plus connus dont "Marguerite de la Nuit" en 1924 et "Le Quai des Brumes" en 1927. Devenu directeur artistique des Editions d'Art de la Renaissance du Livre, il est aussi grand reporter pour le compte de Pierre Lazareff et voyage aussi bien en Allemagne, où il voit se profiler, puis s'imposer le Nazisme, qu'en Grande-Bretagne (où il étudie les méthodes de Scotland Yard) et en Italie. Il se rend même aux Etats-Unis, alors livrés à la Prohibition, ce qui lui donnera du grain à moudre pour ses romans.
En 1929, Jean, le frère de Pierre, meurt d'une hémorragie cérébrale. Le dernier lien qui rattachait Mac Orlan au nom de Dumarchey se rompt.
En ce qui concerne la Seconde guerre mondiale, Mac Orlan va la vivre en retrait, s'absorbant dans la mise en forme de ses souvenirs, parfaitement conscient au demeurant que le conflit détruit matériellement les décors dans lesquels s'est déroulée sa jeunesse.
En 1950, il succède à Lucien Descaves à l'Académie Goncourt. En 1963, il perd sa femme et se retire définitivement dans sa maison de St-Cyr-Sur-Morin. Il y est très visité : Brassens, Jean-Pierre Chabrol ... pour qui il sort son accordéon et entonne les chansons qu'il écrit depuis la fin de la guerre. Brassens aura à son propos ce joli mot : "Mac Orlan donne des souvenirs à ceux qui n'en ont pas."
Il meurt le 27 juin 1970 et est inhumé dans le cimetière du petit village qui, au fil des années, avait fini par constituer son port d'attache.
Il laisse derrière lui une oeuvre pléthorique et, il faut bien le dire, largement méconnue. Aussi ne peut-on recommander au lecteur curieux que de la redécouvrir sans attendre tant elle déborde de truculence mais aussi de nostalgie pour le temps enfui de la jeunesse (même s'il ne fut pas toujours reluisant) et d'une poésie largement mâtinée de fantastique. Toutes proportions gardées, il règne, chez Mac Orlan, un climat un peu similaire à celui que l'on retrouve chez Jean Ray, lui-même grand bohème et aventurier, et en particulier dans les "Contes du Whisky." L'amour de la mer et des terres lointaines y tient aussi l'un des ses meilleurs rôles en littérature. Quant aux histoires de pirates tel "A bord de "L'Etoile Matutine" ou "Les Clients du Bon Chien Jaune", elles constituent un hommage de qualité à Robert-Louis Stevenson.
Oui, Pierre Mac Orlan est à lire, à relire et surtout à découvrir, qu'on se le dise !

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