lundi 22 septembre 2014

Le Médecin de Lord Byron - Paul West (Grande-Bretagne)

Lord Byron's Doctor
Traduction : Jean-Pierre Richard


Pendant l'été 1816, lord Byron et son médecin, John W. Polidori rencontrent, sur le lac Léman, Percy Shelley et sa compagne, Mary Woolstonecraft, lesquels voyagent avec la demi-soeur de Mary, Claire. Lors d'une soirée passée à la postérité, les membres du groupe décident d'écrire chacun sa propre histoire de fantômes. Sur les cinq personnes en présence, seuls Mary Shelley, avec "Frankenstein", et Polidori, avec "Le Vampire", tiendront parole.

La descendance littéraire et cinématographique du premier roman n'est plus à prouver. Quant au second texte, plus nouvelle que roman, il passe aujourd'hui pour avoir posé le premier l'archétype du vampire avant que Bram Stoker ne le parachève avec son "Dracula."


Sur cette base éminemment littéraire, Paul West a construit un banal roman plus pornographique (à mon sens, mais je suis une femme) qu'érotique. Au mieux, "Le Médecin de Lord Byron" rappelle le Lucien Bodard de "La Vallée des Roses." Au pire, il évoquerait certaines oeuvres si chères à Restif de La Bretonne.

West imagine qu'un éditeur britannique propose 500 livres à Polidori afin que celui-ci tienne son journal pendant tout le voyage qu'il est censé accomplir avec lord Byron jusqu'en Italie. Polidori accepte et c'est donc ledit journal qui est restitué au lecteur. Byron y est représenté comme une espèce de Priape bisexuel, avec lequel Polidori entame très tôt une relation ambiguë. Le brusque renvoi de Polidori par le poète anglais est expliqué par un amour homosexuel que Byron, pour une fois réellement amoureux, ne voudrait pas concrétiser. Le suicide de Polidori serait dû quant à lui à la solitude amoureuse dans laquelle le jeune homme se serait retrouvé, loin de Byron, en dépit de ses nombreuses aventures (dont une liaison avec Claire, l'ancienne maîtresse de Byron).

Le style, enlevé et parfois poétique, sert malheureusement d'écrin à des scènes sexuelles que j'ai trouvées quant à moi très banales et extrêmement lassantes. Comme disait Talleyrand, "en tout, l'excès est nuisible." Nous sommes loins, bien loin d'un Henry Miller.

Bref, je ne relirai pas West de si tôt, d'autant que le roman qu'il a consacré à Jack l'Eventreur reprend l'hypothèse absurde de la culpabilité de l'un des fils de Victoria et de celle de son médecin, le Dr Gull. Si ça vous tente, vous pouvez essayer. Sinon, passez au large : vous n'y perdrez pas grand chose.

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