lundi 22 septembre 2014

Katherine Mansfield

14 octobre 1888, Wellington (Nouvelle-Zélande) : naissance de Kathleen Beauchamp, dite Katherine Mansfield, poétesse, nouvelliste et diariste.

Pour en apprendre un maximum sur l'enfance de la petite Katherine, mieux vaut lire les trois nouvelles magistrales qu'elle lui a consacrées, à savoir, dans l'ordre chronologique de parution : "Prélude" - "Sur la Baie" et "La Maison de Poupées." Disons pour résumer qu'elle appartenait à la bourgeoisie aisée de Wellington et que, dans le couple formé par ses parents, sa mère se laissait adorer par un mari aveugle tout en laissant sa propre mère s'occuper de ses enfants.

Katherine commença à écrire très jeune. En 1903, à quinze ans, elle rejoint Londres et le Queen's College pour y poursuivre ses études. Elle y fait la connaissance d'Ida Constance Baker, qui lui demeurera fidèle jusqu'à sa mort et y fait aussi publier ses premiers textes. Son pseudonyme reprend le nom de sa grand-mère maternelle, qui l'avait élevée et dont elle révérait la mémoire.

De retour à Wellington en 1906, elle tombe amoureuse d'Edith Bendall et provoque le scandale sur ses pas. Néanmoins, certaines de ses nouvelles sont acceptées par une revue néo-zélandaise. Pour complaire à son père, qui s'oppose à son souhait de se faire violoniste, elle entre au Wellington Technical College pour y étudier dactylographie et comptabilité. Mais c'est l'échec et, devant la résistance de sa fille et grâce à l'intervention d'Ida Baker, Mr Beauchamp accepte de voir sa fille regagner l'Angleterre, avec la promesse d'une pension de 100 livres par an.

Ainsi la jeune femme peut-elle se lancer à corps perdu dans l'écriture.
Elle mène en parallèle une vie sentimentale et sexuelle plutôt agitée, surtout pour l'époque. Un premier mariage avec George Brown, en 1909, alors qu'elle se trouve enceinte d'un autre homme, tourne court le jour même - elle divorcera en 1913. Mansfield part alors pour la Bavière - qui lui inspirera une grande quantité de nouvelles - où elle fait une fausse couche.

Revenue à Londres en 1910, la nouvelliste prépare soigneusement son premier recueil de nouvelles, "Pension allemande", qui paraît un an plus tard. 1911 est aussi l'année de la rencontre de Katherine avec John Middleton Murry, qui devient son amant avant de l'épouse en 1918.
Mansfield continue à publier dans les revues comme "The New Age", "Rythm" ou "The Blue Review." Avec Murry, elle fait la connaissance de David Herbert Lawrence et de son épouse, Frieda. Le romancier britannique dressera d'ailleurs le portrait de Katherine dans le personnage de Gudrun qui apparaît dans "Femmes amoureuses."

La mort de son frère, Leslie, au front, en 1915, atteint si profondément Katherine Mansfield que le choc influera sur la conception de ses nouvelles. Le fameux "Prélude" paraît en effet en 1916. L'oeuvre frappe tout particulièrement Virginia Woolf.
Les deux femmes se rencontreront d'ailleurs en 1918.

Réalisant qu'elle souffre de tuberculose, Mansfield décide de se retirer en France, à Bandol. Elle résidera ensuite en Italie et à Menton.

En ce début des années vingt, elle publie avec une sorte de fureur : "Félicité" en 1920, "La Garden-Party" - son recueil le plus connu - en 1922. La même année, elle rédige ce qui reste sa dernière nouvelle : "Le Canari."

Le 9 janvier 1923, Katherine Mansfield
meurt des suites de sa maladie, à l'Institut Gurdjieff, au prieuré d'Avon, près de Fontainebleau. Elle est d'ailleurs inhumée à Avon.

"Le Nid de la colombe" et "Quelque chose d'enfantin", deux nouveaux recueils, paraîtront à titre posthume, en même temps que ses lettres et son journal.

Lire les nouvelles de Katherine Mansfield constitue une expérience unique. Si l'on excepte Marcel Proust, nul, mieux qu'elle, n'a jamais restitué avec un tel génie l'intensité et la profondeur de l'instant qui passe. Comme l'écrivit Virginia Woolf à l'annonce de sa mort : "Elle avait la vibration."

Inspiré autant par la simplicité de Tchékhov que par l'élégante cruauté d'Oscar Wilde - les deux "dieux" de Mansfield - le style de la nouvelliste néo-zélandaise paraît tout d'abord trop aérien pour pouvoir signifier réellement quelque chose. Mais cette impression ne dure guère et, peu à peu, le lecteur se laisse absorber par cet univers où rien ne semble se passer et où, pourtant, tout est dit.

A lire, à relire et à faire découvrir autour de vous : Katherine Mansfield, le seul écrivain dont Virginia Woolf ait, de son propre aveu, jamais été jalouse.

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