lundi 22 septembre 2014

Ivy Compton-Burnett


Dame Ivy Compton-Burnett naquit à Pinner, non loin de Londres, en l'an de grâce 1884 - le 5 juin - sous le règne de Victoria. Son père, James Compton-Burnett, était un médecin homéopathe parmi les plus connus de l'époque. Sa mère, Katherine, était douée d'une beauté remarquable mais aussi d'un tempérament particulièrement lunatique - ce qui, plus tard, s'avérera dramatique pour ses enfants.

Katherine Compton-Burnett était d'ailleurs la seconde femme du médecin dont la première épouse était morte en couches, lui laissant cinq enfants en vie sur les huit qu'ils avaient conçus ensemble. Ivy fut le premier enfant de ce nouveau couple, auxquels vinrent s'ajouter au fil des ans deux autres garçons et deux filles à l'éducation desquels, plus tard, la jeune Ivy sera plus ou moins contrainte de participer par sa mère,
devenue veuve.


La fillette se révéla tout particulièrement attachée à ses frères cadets, Guy et Noel. Elle fut élevée à la maison et, si cette éducation, au demeurant impeccable - les Compton-Burnett avaient les moyens de donner d'excellents précepteurs à leurs enfants - la sécurisa beaucoup d'un côté, de l'autre, elle contribua à isoler son enfance.

Comme le Dr Burnett était désireux de faire profiter ses enfants de l'air marin de Brighton, la famille emménagea en 1891 au 30 First Avenue, à Hove. En 1897, ils changèrent de rue mais le quartier restait aussi chic et tout aurait pu continuer ainsi longtemps si, en 1901, le Dr Compton-Burnett n'était décédé. Sa veuve tomba alors dans un désespoir incroyable et exigea que tout le monde - y compris le bébé - prit le grand deuil pour plus d'un an. Plus grave : à partir de ce moment, Mrs Compton-Burnett devint de plus en plus paranoïaque et tyrannique.

En 1902, à l'âge de 18 ans, Ivy entra au Royal Holloway College pour Femmes d'Egham, dans le Surrey, dont elle sortit diplômée en 1906. Entretemps, son frère préféré, Guy, était mort en 1905 d'une pneumonie.

Ce fut donc dans une maison encore plus sombre que celle qu'elle avait quittée qu'Ivy revint pour aider sa mère à élever les enfants qu'il lui restait. Mais Mrs Compton-Burnett allait elle-même mourir en 1911 et, en 1916, Noël, le frère survivant sur lequel Ivy avait reporté toute son affection, fut tué à la bataille de la Somme. Comme si cela ne suffisait pas, à la Noël 1917, les deux jeunes soeurs d'Ivy décidèrent de se suicider toutes les deux. Ivy elle-même ne dut qu'à une santé relativement robuste d'échapper en 1919 à la pneumonie qui s'en était prise à son organisme affaibli par les privations de la guerre et aussi, il faut bien le dire, par les chagrins qui s'étaient succédé.

Ayant tiré un trait sur son passé, la jeune femme quitta Hove pour gagner Londres où, pendant près de 32 ans, elle allait partager la vie de Margaret Jourdain, journaliste et écrivain, spécialisée dans la décoration d'intérieur. Elle ne se maria jamais et plus jamais elle n'évoqua les tristes événements de son passé.

Elle-même s'attela bientôt à la rédaction de romans (elle allait en écrire une vingtaine tout au long du reste de son existence et, pour être exact, elle avait vraiment commencé à griffonner dès 1925) et ne tarda pas à se faire un nom parmi ses pairs. En 1955 - Margaret était morte à son tour quatre ans plus tôt - elle reçut le James Tait Black Memorial Prize. En 1967, elle fut ennoblie par la reine Elizabeth II pour "services rendus à la littérature anglaise" et, un an plus tard, elle fut élue Compagnon de la Société Royale de Littérature aux côtés notamment de Dame Rebecca West (auteur, entre autres, de "La Famille Aubrey.)

La Mort vint la prendre en 1969 : elle avait quatre-vingt-cinq ans.

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