lundi 22 septembre 2014

Anthony Trollope

Anthony Trollope naquit le 24 avril 1815, à Londres.

Son père, Thomas Trollope, était un "barrister" (= avocat plaidant) dont le caractère difficile avait freiné la réussite. Il avait cependant des liens avec l'aristocratie des propriétaires terriens et voulait, pour ses fils, Oxford ou Cambridge. Mais hélas ! il n'était pas très doué pour faire de l'argent - et pas même pour le conserver car il en perdit pas mal dans une entreprise agricole. Cette semi-pauvreté sera, pour son fils Anthony, une source aiguë de souffrance.

Le futur romancier fut externe à Harrow School avant d'entrer, à l'âge de dix ans, au Winchester College. Trois ans après, il revint à Harrow mais, que ce fût dans l'un ou l'autre établissement, l'enfant ne fut guère heureux. Il n'avait pas d'amis et aucune de ces relations qui sont indispensables dans le milieu des "public schools" anglaises. On le brutalisait souvent et, à douze ans, il pensait au suicide. Heureusement pour lui, sa facilité à se créer des mondes imaginaires lui permit de survivre.

A partir de 1831, c'est Frances Trollope, la mère d'Anthony, qui fit bouillir la marmite en se faisant un nom dans le milieu littéraire. En parallèle, son père dut s'enfuir en Belgique pour éviter la prison pour dettes. La famille l'y suivit.

A Bruges, Anthony travailla comme professeur assistant dans une école. Mais sa mère lui ayant obtenu un emploi de fonctionnaire au Bureau des Postes britanniques, il regagna Londres. Là, il fit le tour de diverses pensions de familles, restant à l'écart de toute vie sociale et vivotant plus qu'il ne vivait jusqu'en 1841, date à laquelle il fut nommé en Irlande.

Trollope aimera l'Irlande et les Irlandais. Il osera même écrire que les classes populaires irlandaises lui paraissaient bien plus intelligentes que celles d'Angleterre. C'est dans ce pays qu'il se maria - à une Anglaise - et c'est aussi là qu'il commença à écrire, plaçant naturellement ses intrigues sur place, ce qui déplut fort aux critiques littéraires britanniques pour qui les Irlandais étaient ni plus ni moins des sous-hommes.

Au milieu des années 1860, Trollope avait atteint un certain niveau dans la hiérarchie des Postes. On notera au passage que ce fut lui qui introduisit en Grande-Bretagne l'usage des boîtes-aux-lettres rouges (les "pillar-boxes") qui sont devenues si familières à tous.

En 1867, il quitta le Bureau des Postes et tenta de se présenter au Parlement. Mais ce fut un échec et il revint à l'écriture.

Son premier grand succès est sans conteste "The Warden" ("Le Directeur") qui, en 1855, étrenne la série des "Chroniques du Barsetshire", comté fictif qui inspira George Elliott pour "Middlemarch." Avec "Les Tours de Barchester" et "Le Docteur Thorne", cette série traite surtout des moeurs et coutumes du clergé anglican.

Autre série majeure de l'écrivain : "Les Chroniques de Palliser" ("Peut-on lui pardonner ? - Phineas Finn - Les diamants Eustace - Les Antichambres de Westminster - Le Premier ministre - Les Enfants du Duc") qui, elles , se consacrent au monde politique.


A l'actif de Trollope, on compte près d'une cinquantaine de romans, des douzaines de nouvelles et quelques livres de voyages. Comme Flaubert ou Zola, il se contraignait à un plan très strict et à un certain nombre de feuillets par jour. Chose étrange, alors qu'on admire la chose chez les auteurs français, on a toujours eu tendance à railler Trollope pour sa régularité.

Trollope mourut le 6 décembre 1882 et fut inhumé au Kensal Green Cimetery, près de son contemporain et ami, Wilkie Collins.

Après sa mort, sa renommée décrut considérablement mais, en 1940, on assista à un regain d'intérêt envers son oeuvre. Périodiquement depuis lors, à peu près tous les vingt ans, Trollope redevient à la mode.

Du XIXème siècle, il a le style détaillé et touffu avec ces appels au lecteur qui sont typiques de l'époque. Ses portraits sont toujours très complets et il n'a pas hésité à s'attaquer aux problèmes sociaux de l'époque. Le handicap de Trollope est peut-être d'avoir été le contemporain d'un Dickens et d'un Thackeray, tous deux plus brillants et moins lourds. Ses romans n'en sont pas moins à lire car, au même titre que les vastes fresques de l'un et de l'autre, ils portent témoignage sur toute une culture disparue.

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