samedi 13 septembre 2014

Albertine Sarrazin



Cet auteur atypique est née le 17 septembre 1937, à Alger, dans des circonstances extrêmement spéciales : son père, qui était médecin-colonel, avait fait un enfant à une petite bonne espagnole et contraignit celle-ci à abandonner l'enfant qu'il adopta par la suite très légalement et confia à son épouse légitime, la "Mother" des romans et des lettres de la future Albertine Sarrazin.

Hélas ! A l'âge de dix ans, l'enfant fut violée et, à partir de là, il fallait s'y attendre, tout se détraqua.
Intelligente, voire brillante, elle manifesta des tendances à la rébellion qui la firent confier à une institution religieuse qui tenait à vrai dire de la maison de redressement plus que d'autre chose. Elle passa cependant son bac avec mention mais s'enfuit avec une amie pour Paris où elle sombra dans la ronde de la délinquance habituelle : chapardage, prostitution et même attaque à main armée - ce fut néanmoins sa compagne et non Albertine qui blessa un employé de banque.

Passant en justice, l'attitude d'Albertine, qui nargue ouvertement les magistrats et le public, n'est pas faite pour arranger les choses. La jeune fille en prend pour vingt ans - eh ! oui - alors que celle qui avait tiré n'est condamnée qu'à dix ans. Et c'est en prison qu'elle commence à écrire : des lettres tout d'abord. A l'extérieur, son (vrai) père et sa mère (adoptive) l'ont rejetée en dénonçant tout bonnement l'adoption, fait dit-on rarissime en France.

Elle tente une première évasion mais, en sautant du haut du mur, elle se brise l'astragale et c'est en rampant qu'elle atteint la RN où elle est recueillie par celui qui deviendra son époux et qui est lui-même un petit truand : Julien Sarrazin. Le mariage aura lieu en février 1959 et Albertine est entourée par deux policiers.

A partir de là, une relative stabilité va s'instaurer chez cette femme que le viol pédophile subi dans l'enfance a menée aux limites extrêmes de la schizophrénie. En 1965, "L'Astragale", qui conte son évasion et brosse un portrait de son existence, est un succès de librairie appréciable dont le cinéma français s'inspire pour un film avec Marlène Jobert. Viendront ensuite "La Cavale" et "La Traversière."
Installée à Montpellier, Albertine Sarrazin y décède à l'âge de 40 ans, à la suite d'une opération du rein pour laquelle ni son poids, ni son âge, ni les allergies éventuelles qu'elle pouvait présenter n'avaient été communiqués à l'anesthésiste. Par la suite, Julien Sarrazin attaquera l'hôpital de Montpellier en justice et obtiendra gain de cause.

Auteur étrange, à qui ses fréquentations de la petite pègre n'avaient pas fait oublier la facilité qu'elle avait pour écrire et écrire encore, Albertine Sarrazin est à découvrir ou à redécouvrir.

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