mercredi 24 septembre 2014

Richard Aldington (II)


A partir de 1928, Aldington s'impose un exil loin de l'Angleterre, espérant sans doute trouver ainsi la paix intérieure. Il vit quelques années à Paris, a une liaison avec Brigit Patmore (la belle-fille de cette dernière, Netta McCullough, deviendra dix ans plus tard sa seconde épouse) et courtise Nancy Cunard.

En 1929, sort le roman pour lequel Aldington est resté célèbre : "Death of a Hero / Mort d'un Héros", une réponse littéraire à la Grande guerre que Lawrence Durell déclare "le meilleur roman de guerre de l'époque." Aldington l'écrit à Port-Cros, en Provence mais, pour ce faire, reprend un manuscrit qui date déjà de quelques années. Satirique, cynique et critique, "Death of A Hero" inflige une bonne raclée aux hypocrisies des temps victoriens et edwardiens.
En 1930, Aldington publie une traduction paillarde du "Decameron" de Boccace. En 1933, sort un roman intitulé "All Men Are Enemies / Tous les Hommes sont Ennemis". Il s'agit d'un roman d'amour - en tous cas selon l'auteur - rédigé avec un brio supérieur à celui de "Mort d'un Héros."

Ce n'est qu'en 1942, lorsqu'il émigre aux Etats-Unis, qu'il commence à se spécialiser dans les biographies.
La première concerne le duc de Wellington et sort l'année qui suit. En 1950, paraît une biographie de D. H. Lawrence, au titre révélateur de "Portrait of a Genius, but ... / Portrait d'Un Génie Mais ...". En 1957, Robert Louis Stevenson a droit à son "Portrait of a Rebel / Portrait d'un Rebelle".

Mais entre les deux, en 1955, il y a eu la biographie consacrée à T. E. Lawrence, mieux connu par certains sous le surnom de "Lawrence d'Arabie."

 Cette biographie du colonel Lawrence cause un énorme scandale et provoque un tollé général. C'est qu'elle contient pas mal d'affirmations controversées. Ainsi, Aldington est le premier à mettre sur la place publique le caractère illégitime de la naissance de Lawrence. Il affirme également que Lawrence était homosexuel. De fait, il a mené une vie de célibataire et aucun de ses proches amis - dont plusieurs étaient sans aucun doute homosexuels - ne le croyait gay. Aldington traite également Lawrence de voleur et d'imposteur.

La réputation de l'écrivain ne se remettra jamais pleinement de ce qui fut vécu comme une attaque venimeuse contre T. E. Lawrence. Beaucoup pensèrent que les souffrances endurées par Aldington pendant la Grande guerre l'avaient poussé à en vouloir à Lawrence, qui avait gagné sa célébrité au Moyen-Orient.

Richard Aldington
devait mourir à Léré, dans le Cher, en France, le 27 juillet 1962,

Le 11 novembre 1985, son nom figurait parmi ceux des seize Grands Poètes de Guerre célébrés à l'Abbaye de Westminster, au fameux Coin des Poètes. Sur la plaque collective, cette citation d'un autre grand poète, Wilfred Owen : "Mon sujet est la guerre et la compassion qu'elle inspire. La Poésie appartient à la Compassion."

 Aldington pourvait tremper sa plume dans l'acide. Ainsi, il déclara, au sujet des poètes Géorgiens - au nombre desquels on retrouve, par exemple, Walter de la Mare et Robert Graves : "Leur vision est provinciale et ils sont amoureux de la petitesse. Ils s'en vont pour sur de petites routes pour un petit cottage où ils écriront un petit poème sur un petit thème." Précisons que les Imagistes ne supportaient pas les Géorgiens et nous aurons ainsi le fin mot de l'histoire ...

Le romancier Alec Waugh - frère aîné d'Evelyn Waugh - qui avait eu l'occasion de faire la connaissance d'Aldington chez un ami commun, le décrit comme rendu profondément amer par la guerre et le compare à l'écrivain Douglas Goldring qui, lui aussi, avait vécu le traumatisme de la Grande guerre mais sans le laisser empoisonner le reste de sa vie.

A la mort d'Aldington, le London Times était probablement dans le vrai quand il le décrivit comme "un "jeune homme en colère" [= référence au mouvement contemporain des "angry young men"] qui appartenait à une génération pour laquelle ce n'était pas encore la mode."

Certains de ses textes ont été traduits en français et vous pouvez vous les procurer assez facilement. On tend de toutes façons de nos jours à redécouvrir cet écrivain peut-être trop méconnu.

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