samedi 27 septembre 2014

Doris Lessing

22 octobre 1919, Kermanshah (Perse - Actuel Iran) : naissance de Doris Tayler, dite Doris Lessing, nouvelliste & romancière, Prix Nobel de Littérature 2007.

Fille d'un employé de banque qui avait perdu une jambe durant la Grande guerre et de l'infirmière qui l'avait soigné, Doris a six ans quand ses parents partent pour la Rhodésie du Sud, alors sous domination britannique et qui, plus trad, deviendra le Zimbabwe. Mr Tayler a pour projet d'y acheter une ferme où il cultivera le maïs, les céréales et le tabac. Hélas ! Les résultats ne seront pas à la hauteur de ses espérances.

Pendant ce temps, Doris poursuit sa scolarité à la Dominican Convent High School, une institution catholique de Salisbury (actuelle ville de Harare) dont la discipline et l'esprit lui pèsent. A l'âge de quatorze ans, elle quitte l'école et étudie un peu chez elle. A quinze, elle trouve un emploi de bonne d'enfants et va travailler chez ses employeurs. Ceux-ci lui prêtent volontiers des livres sur la sociologie et la politique et c'est de cette époque que date son intérêt pour ces questions. Elle commence aussi à écrire.
En 1937, elle retourne à Salisbury, où elle a déniché un poste de standardiste et épouse son premier mari, Frank Wisdom, dont elle aura deux enfants. Le couple se sépare en 1943 : Doris a vingt-six ans.

Peu après son divorce, la jeune femme rencontre, dans un cercle littéraire nommé "The Left Book Club", celui qui va devenir son second mari et dont elle gardera le nom pour signer ses livres, Gottfried Lessing. Ils se marient très vite et ont un fils. Le divorce sera une fois encore prononcé, cette fois en 1949.
Plus tard, Gottfried Lessing sera le premier ambassadeur de la RDA en Ouganda et il mourra assassiné, en 1979, lors de la rébellion contre Idi Amin Dada. 

Après ce nouvel échec marital, Doris Lessing part pour Londres avec son fils et le manuscrit de "The Grass is singing / Vaincue par la brousse" qui, heureusement pour elle, sera accepté par le premier éditeur à qui elle l'envoie. Le succès du livre, publié l'année suivante, est tel qu'elle peut se permettre de renoncer à l'emploi de secrétaire qu'elle avait trouvé. En 1951, sort un recueil de nouvelles, "This was the Old Chief's Country / Nouvelles africaines", qui sera suivi d'une série de cinq ouvrages d'inspiration autobiographique, regroupés sous le titre générique "The Children of Violence / Les Enfants de la Violence."

Vaste fresque romanesque qui se veut également roman initiatique, la série a pour héroïne l'alter ego de l'auteur, Martha Quest, qui, de l'Afrique à l'Angleterre, observe l'effondrement du système colonial et la détérioration des rapports Blancs-Noirs. En filigrane, la condition de la femme et de l'artiste au XXème siècle. Le dernier tome sortira en 1969.

En 1952, Doris Lessing adhère officiellement au Parti communiste mais elle rend sa carte en 1956, lorsque les chars soviétiques entrent à Budapest. Toutes ses désillusions politiques, elle les raconte dans "Retreat to Innocence" qui date de 1956 et surtout dans "The Golden Notebook / Le Carnet d'Or", paru six ans après et que l'on tient pour le chef-d'oeuvre de leur auteur. Ce dernier ouvrage va faire d'elle une véritable icône du féminisme mondial sans que, elle le dira bien haut, elle l'ait souhaité.

"Le Carnet d'Or" comporte un court roman conventionnel et quatre carnets de notes et de réflexions sur certains thèmes, assimilés chacun à une couleur différente : noir pour les souvenirs, rouge pour la politique, jaune pour la fiction, bleu pour l'introspection. L'auteur y mêle la technique narrative des grands romans du XIXème siècle - qu'elle admire - à des procédés plus modernes comme le récit éclaté, la mise en abyme, le roman dans le roman, les digressions verbales, etc ...

 En 1971, l'oeuvre de Lessing prend un nouveau tournant avec "Briefing for a descent into Hell / La Descente aux Enfers." La romancière se tourne vers la foi et les complexités humaines. Elle analyse l'univers mental d'un homme qui souffre d'amnésie et évoque le soufisme, religion à laquelle elle s'est intéressée lors de la décennie précédente. Elle s'interroge aussi sur le devenir de l'Humanité et l'avenir de la planète. Ce qui explique que beaucoup de romans qui suivront relèvent de la S.F. : "Shikasta" ou "Canopus dans Argos."
Dans les années quatre-vingt, Lessing monte une supercherie littéraire avec deux manuscrits, "Diary of a Good Neighbour / Journal d'une voisine" et "If the Old Could / Si Vieillesse Pouvait". Tous deux sont refusés par son éditeur habituel mais acceptés par une autre maison qui les publie, croyant fermement que leur auteur est une certaine "Jane Somers." Ces deux ouvrages se préoccupent surtout de la vieillesse et de la mort et, avec "Le Terroriste", sorti en 1985, marquent le retour de Lessing au réalisme.

L'année suivante, Lessing publie "The Fith Child / Le Cinquième Enfant", qui jette un regard noir et sceptique sur la société contemporaine, l'éducation et la violence.

Intègre, lucide, Doris Lessing, désormais indésirable au Zimbabwe depuis qu'elle a pris violemment positon contre le régime dictatorial communiste de Robert Mugabe, n'a jamais cessé de fuir les carcans et les étiquettes. Tout récemment, elle a condamné également les dérives du mouvement féministe en reprochant à ses ténors de ne se comporter ni plus ni moins que comme des hommes ...

Un grand écrivain, et qui mieux est un écrivain atypique : à découvrir, à lire, et à relire.

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